Tawakkol Karman : La triple imposture du Prix Nobel de la Paix 2011

Tawakkol Karman : La triple imposture du Prix Nobel de la Paix 2011 938 400 René Naba

En tant que Prix Nobel de la Paix, elle a donné sa caution à une guerre ;
En tant que femme, elle a rallié le pays le plus régressif en matière des Droits de la femme ;
En tant que yéménite, elle a rallié les agresseurs de son propre pays, la coalition des pétromonarchies, les pays les plus riches du Monde arabe, contre le plus pauvre d’entre eux.

Une telle forfaiture mériterait une dégradation. Mais dans le règne du pétrodollar, le dollar est Roi, le pétrole aussi et qu’importe si les grands principes moraux sont bafoués.

L’auteure de cette triple imposture n’est autre que Tawakol Karmane, membre du parti Al Islah, la branche yéménite des Frères Musulmans ; un fait occulté par le chorus des laudateurs lors de son attribution de cette distinction, sans doute en raison de la lune de miel entre le bloc atlantiste et les néo-islamistes en vue de geler la revendication arabe sur les débris de la portion congrue de la Palestine.

Pis, Tawakol Karmane était demandeuse, offerte aux pétrodollars saoudiens. Unique femme membre de la confrérie des Frères Musulmans à avoir décroché un Prix Nobel de la Paix dans l’histoire de l’humanité, Tawakol Karmane a ainsi rallié l’Arabie saoudite dans la guerre du Yémen contre son propre pays, dans une démarche singulière qui révèle sa triple imposture.

L’activiste yéménite s’était distinguée par ses critiques incisives contre le royaume saoudien et ses ingérences permanentes dans la vie politique du Yémen, ainsi que pour son rôle dans le soulèvement contre le précédent régime du Général Ali Abdallah Saleh, ancien protégé de la dynastie wahhabite.

Indice d’une grave confusion mentale, Tawakol Karmane, première femme arabe à être distinguée du prestigieux Prix Nobel de la Paix, s’est ralliée au régime le plus régressif concernant les droits de la femme. Sans la moindre objection sur le statut ultra restrictif de la femme en Arabie saoudite, sans la moindre préoccupation quant à une possible réforme future du statut de la femme saoudienne, ni non plus sur une promesse d’aide à la libéralisation du statut de la femme au Yémen où 57 % des femmes, analphabètes, subissent la loi patriarcale du « mariage forcé ».

Tawakol Karmane a donné son accord pour « servir de passerelle entre la jeunesse yéménite et le gouvernement de Ryad ». Sans le moindre marchandage. Par sectarisme en ce que la pasionaria yéménite de la liberté est en fait un membre influent du parti Al Islah, l’émanation yéménite de la Confrérie des Frères Musulmans. Tout cela au nom du « combat contre les Houthistes », précise un câble wikileaks.

Mariée et mère de trois enfants, fille d’Abdallah Salem Karman, un ancien membre du gouvernement Ali Abdallah Saleh, longtemps sous la houlette saoudienne, elle fera sensation, en 2004, en ôtant le Niqab dans un geste spectaculaire dé défi et de libération, lors d’une conférence sur les droits humains.

Mais sous le voile de liberté perce la supercherie : première femme arabe et deuxième femme musulmane (après Shirine Ebadi – Iran en 2003) à être nobélisée, en coulisses, toutefois, son ONG « Women Journalist Without Chains » (Femmes journalistes sans chaînes) a reçu des subventions de la NED pendant les trois années précédant le « printemps arabe de l’ordre de 150.000 dollars, sur un total de 4,5 millions de dollars aux ONG yéménites, dont (631. 532 dollars), en 2009, et le double (1.231.318), en 2010. National Endowment for Democracy a été fondée en 1983 par le président ultra-conservateur américain Ronald Reagan

Pour compléter le tableau, elle est la soeur de Safa Karman, journaliste à Al Jazira, la chaîne transfrontière arabe du Qatar, chef de file de la contre révolution néo-islamiste dans le Monde arabe, dont le directeur de l’époque, Waddah Khanfar a d’ailleurs été désigné comme l’une des « 100 personnalités les plus influentes du Monde en 2011 », aux côtés du chef du parti islamiste tunisien An Nahda de Rached Ghannouchi et de l’inévitable Bernard Henry Levy, le fossoyeur de la Libye. et du « sang mêlé » Nicolas Sarkozy.

Waddah Khanfar, ancien interface des services américains à la tête d’Al Jazira, pantoufle désormais au sein du Conseil d’administration d’« Open Society » du milliardaire Georges Soros, un des grands financiers des cyber-activistes arabes du printemps néo-islamiste.

Le printemps arabe de 2011 n’a pas fini de livrer ses secrets d’alcôve, ses magouilles, ses turpitudes et surtout ses impostures.

Pour aller plus loin sur la situation au Yémen

René Naba

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l'AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l'information, membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme et de l'Association d'amitié euro-arabe. Auteur de "L'Arabie saoudite, un royaume des ténèbres" (Golias), "Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français" (Harmattan), "Hariri, de père en fils, hommes d'affaires, premiers ministres (Harmattan), "Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David" (Bachari), "Média et Démocratie, la captation de l'imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l'Association d'amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Emissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

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8 commentaires
  • Bouthaina Hassani 11 novembre 2015 à 9h50

    Oh m’y God!
    Je n’arrive pas à croire que c vrai !
    G t fière de cette femme arabe !!!
    Mais nous vivons dans un monde de mensonges !
    Merci pr l’article

  • Cette triple imposture est à rapprocher de cette autre imposture concernant un autre Prix Nobel, le Prix Nobel de Littérature accordé à cette écrivain(e) Ukrainienne qui tout au long de ses interwiews a manifesté une grande « empathie » et c’est peu dire pour les Nazis au pouvoir à Kiev. Ces prix Nobel accordés à des femmes qui toutes deux ont émergé dans la mouvance des pseudo-révolutions organisées par l’Occident, cet Occident qui organise et encourage des « révolutions » partout sauf là où elles devraient surgir, en Occident.
    Cette Yéménite n’est qu’un triste avatar du phénomène « harki ». Mais sa trahison a elle aura été payante. Ce n’est pas le cas de cette pitoyable Femen Tunisienne exhibant son anatomie sur les pseudo-réseaux sociaux sous influence de ses tutrices occidentales, et qui a disparu de la sphère médiatique aussi rapidement qu’elle y était apparue. C’est amusant ce rapprochement qui fait se rejoindre la « femme voilée » de la « femme dévoilée ».
    Amitié,
    Halima SADKI

  • On nous annonce la création d’un « prix Nobel de la guerre ». Cela va être difficile de choisir le gagnant!
    On n’a pas encore défini le critère qui prévaudra….
    https://launedekeg.wordpress.com/2015/11/13/keg-ce-13112015-lordre-des-priorites-imposees-est-un-boycott-de-notre-souverainete-absolue-au-nom-de-sion/

  • Hi Bouthaina
    La fonction de http://www.madaniya. info est précisément de démasquer les impostures

  • Facile de tomber dans l’insulte comme ça, mais au bout du compte il vous manque quelques arguments.
    Je déteste tout autant que vous la politique yéménite de l’Arabie, voire sa politique tout court dans tous les domaines ou à peu près. Comme vous, je n’imagine pas une seule seconde qu’une seule bonne chose pour le Yémen puisse venir d’Arabie. On voit bien que l’Arabie est dans la boue jusqu’aux genoux, qu’elle s’enfonce, s’enfonce, qu’au bout du compte elle sera aspirée tout entière et que ce qu’elle cherche au Yémen, c’est un paillasson. L’Arabie détruira le Yémen de fond en comble, si ça lui permet d’oublier un instant sa propre déréliction.
    Tout ça, c’est entendu. Mais que ça vous/me plaise ou non, au Yémen, beaucoup de gens ont espéré en l’Arabie au début de cette offensive. Comme Tawakul, et ils n’étaient pas tous des abrutis ou des vendus comme vous le suggérez. Et que ça vous plaise ou non, les Huthis ont fichu un bordel monstre dans le pays, commis des exactions dans les campagnes de Taez, interrompu brutalement le processus de dialogue national dont il était encore permis d’espérer qu’il déboucherait. Que ça vous plaise ou non, Tawakul représente une opinion courante dans le pays, une opinion qui si elle n’est ni la vôtre, ni la mienne, est tout à fait articulée et respectable.
    Quant à votre mépris des printemps arabes, il est bien dérisoire: les gens n’ont attendu l’approbation de personne pour se soulever et vos qualificatifs n’ont aucune espèce d’intérêt.

  • Primo Un prix Nobel de la Paix n a pas vocation a cautionner une guerre; mais a favoriser un règlement négocie. Le contraire relève de la confusion mentale
    Deuxio: Le Yémen a constamment servi de sas de sécurité a l Arabie . Voir à ce propos la guerre entre monarchistes et républicains dans la décennie 1960. A ce titre le royaume a veillé a maintenir son petit et pauvre voisin dans un état de vassalité; alimentant à coup ce petrodollars l’instabilité via les rivalités inter tribales et cela bien avant l apparition des houthistes.
    Tertio: le leadership sunnite arabe doit bien s’ancrer dans la tete que le Monde arabe n’est pas homogène et qu’il recèle d’importantes minorités ethnico religieuses et qu’il lui importe de prendre en comporte leurs aspirations en vue de freiner les forces centripètes qui l’agite. Voir a ce propos Bahrein, le Yémen l’Irak etc…
    Quarto: le printemps arabe a été au départ un soulèvement authentiquement populaire de la part de la société informelle des laissés pour compte de la société d’abondance. avant d’être récupéré par les pétromonarchies et leurs partenaires sur le terrain principalement la confrérie des frères musulmans.
    Cinquo votre véhémence s’explique difficilement à moins que vous ne soyez en service commandé.

  • Brahim Boumeshouli 8 décembre 2017 à 20h29

    Maintenant, elle fait l’apologie du meurtre après l’assassinat de l’ex-président yémenite Ali Salleh et elle exprime sa joie sur les réseaux sociaux de ce meurtre qui abolit tout fondement de l’État ! Il ne s’agit pas seulement d’imposture, mais de honte pour l’Académie Nobel !

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