Le Kebab : véritable roi de Saint-Denis

Le Kebab : véritable roi de Saint-Denis 938 440 Nicolas Keraudren

ou Les Rois de France à l’heure du Kebab

Paris – Au Sultan, Topkapi, Reccep, Food Chicken Grill… La rue Gabriel Péri à Saint-Denis, dans le département périphérique de Paris, regorge de kebabs. Située entre la Basilique -qui abrite les sépultures de bons nombres de Rois de France- et le Stade de France, l’artère dionysienne dispose d’un service de restauration certes fourni, mais peu varié : La moitié des restaurants sont des kebabs. Une concurrence forte au profit du consommateur, qui s’explique davantage par des motivations politiques que pour une volonté gastronomique.

«Salade, tomates, oignons ? Sauce(s) s’il vous plaît ? Samouraï, c’est parti». En ce samedi midi, la rue Gabriel Péri fusionne. Il s’agit de la principale artère commerçante de la ville de Saint-Denis.

En plein cœur du centre-ville, cette rue, longue d’environ 1 kilomètre, offre un service de restauration particulièrement développé. Au total, 24 restaurants se sont installés dans la rue. Les passants peuvent y prendre place pour déguster l’en-cas mérité de la pause déjeuner.

Pizzerias, cuisine orientale traditionnelle, restaurant asiatique, grandes chaînes de restauration, tous les goûts sont représentés. Mais le véritable roi de la rue Gabriel Péri, c’est le kebab. Sur les 24 restaurants mentionnés, 12 sont à l’effigie de la célèbre grillade embrochée, accompagnée de frites baignant dans son huile.

En d’autres termes, la moitié des restaurants propose une offre similaire. Une véritable «success story» dont les dionysiens profitent pleinement.

Pour Natacha jeune étudiante de 19 ans, la rue Gabriel Péri est le «paradis du kebab». À ses heures perdues, elle s’essaye à tester chacune des variétés pour en distinguer les origines. Grec, Chawarma, Kebab, ce produit aux appellations et aux origines différentes dispose de deux avantages primordiaux selon elle; son prix et la rapidité du service. Un argumentaire qui en séduit plus d’un dans la ville dionysienne.

À l’inverse, Mathias, serveur dans un café de la rue Gabriel Péri, est critique sur la propagation des kebabs. En le questionnant sur ses affinités avec ce type de restauration, Mathias rétorque : «Un kebab ? En rentrant de soirée, ça fait toujours du bien. Mais il est vrai que pour trouver un autre type de gastronomie, qui ne soit pas forcément rapide, c’est plutôt rare».
«Au Sultan», le café dans lequel Mathias travaille, est l’un des seuls services de restauration de la rue Gabriel Péri à proposer une carte variée et évolutive.

Ce point de vue critique est également exprimé par les propriétaires de kebab eux-mêmes.

Au «Derviche Tourneur», l’un des plus gros kebab de la rue Gabriel Péri, Salif et Karim, les deux propriétaires, sont attablés et discutent de la vie de tous les jours.

Originaires l’un du Mali, l’autre de l’Algérie, Salif et Karim sont arrivés en 2004 pour reprendre le commerce qui a été créé en 1998. «L’année où la France a gagné la Coupe du Monde de football», souligne Karim.

À leur arrivée, précise Salif, il n’existait que 4 kebabs dans la rue. Depuis, la proportion de kebab a triplé, ce qui a considérablement réduit le chiffre d’affaire du «Derviche Tourneur».

«Les gens ont besoin de trouver un emploi. Généralement, ce n’est pas si facile. Beaucoup sont issus de l’immigration et n’ont pas de diplômes. Implanter un kebab, c’est ce qu’il y a de plus simple», argumente Karim, très fier de son métier.

Pour Salif, la raison est davantage politique. «En 2004, lorsque nous sommes arrivés, le maire d’alors effectuait une réelle régulation sur le rachat et la nouvelle implantation des commerces. Depuis, cette régulation n’existe plus». Karim poursuit, «la mairie est responsable. Il faut limiter. Il faut être capable de diversifier l’offre».

Un peu plus loin dans la rue, le «Sultan» s’est installé à Saint-Denis depuis quelques mois. Bien qu’estampillé «kebab», le gérant du commerce tâche de diversifier l’offre en proposant des plats originaux comme par exemple du poulet grillé, des paëllas… Une stratégie «gagnante» qui attire du monde. Pour se démarquer, il utilise des produits frais et de saison qu’il propose au même tarif que ses principaux concurrents.

Bien que de plus en plus au centre de toutes les critiques, le kebab demeure roi dans une ville forte en histoire. Une potentielle diversification attirera davantage les touristes, qui privilégient aujourd’hui, les brasseries sur le parvis de la Basilique. Il s’agit donc d’un enjeu local, au service du développement du territoire.

PS: Pour des raisons de discrétion, le nom des restaurants et des intervenants ont été modifiés.

Nicolas Keraudren

Journaliste indépendant, titulaire d'un master de l'Institut Géopolitique de Paris - Université Paris VIII Saint Denis.

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Un commentaire
  • bonjour,
    analyse géopolitique pertinente et intéressante.
    ayant beaucoup voyagé au moyent orient et en asie, je peux vous assurer que les traiteurs kurdes turc ou chinois ne mangeront jamais cequ’ils vendent.
    oui la malbouffe est en enjeu de la mondialisation.d’ailleurs on peut le dire ,il n’y a pas de démocratie dans la chaine alimentaire.Il est impossible d’établir la moindre tracabilité concernanat les produits farine (pain),sauce (tomate) et enfin viande pseudo hallal

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