La face hideuse du Roi Hussein de Jordanie !

La face hideuse du Roi Hussein de Jordanie ! 1794 906 Jaafar Al Bakli

La face hideuse du Roi Hussein de Jordanie ! A la solde de la CIA, espion pour le compte d’Israël.

Le monarque hachémite, descendant de la famille du prophète de l’Islam, a figuré sur la liste d’émargement de la CIA pendant 30 ans, entretenant en outre des relations avec le Mossad israélien.

Par Jaafar Al Bakli, universitaire tunisien, chercheur sur les questions de l’Islam, spécialiste de l’histoire politique des pays arabes, notamment les pays du Golfe ; Chroniqueur au quotidien libanais Al Akhbar. Ses contributions au site https://www.madaniya.info/ figurent à la fiche auteur.

Adaptation en version française René Naba, directeur du site https://www.madaniya.info/

Le Roi Hussein de Jordanie, qui a régné pendant plus de 46 ans, (du 11 août 1952 au 7 février 1999) et se revendique de la descendance directe de la famille du prophète de l’Islam, a figuré sur la liste d’émargement (Pay Roll) de la CIA, l’agence centrale de renseignement américain, pendant trente ans.

Ci-joint le récit de cette révélation narrée en version arabe par Jaafar Al Bakli dans le quotidien libanais « Al Akhbar », en date du 30 avril 2024, qui rend compte de la conversation entre le président démocrate Jimmy Carter et le journaliste du Washington Post Bob Woodward et le rédacteur en chef de ce quotidien Ben Bradley.

1 – Les révélations du Washington Post ; « Le président des Etats Unis a fixé longuement les regards de ses deux hôtes, avant de répondre à voix basse: « Cela est effectivement le cas ».

Mais Bob Woodward, rendu célèbre par ses révélations sur le scandale du Watergate, qui a provoqué la démission du président républicain Richard Nixon (1969-1974), ne s’est pas contenté de cette réponse laconique.

Relançant Jimmy Carter, Bob Woodward demande au président américain s’il pouvait confirmer les informations en sa possession selon lesquelles le monarque hachémite avait émargé sur le budget de la CIA pendant trente ans.

Un lourd silence s’installe alors dans le bureau ovale et le visage de Jimmy Carter se crispe portant les marques d’une vive irritation.

Se tournant vers son conseiller pour la sécurité nationale, Zbigniew Brezinski, pour quêter une réponse, le président américain se heure à un visage impassible, impavide. Puis se ravisant, il confirme à Bob Woodward ses informations :

« Vos informations sont véridiques. Mais je dois vous signaler que j’ai donné ce jour instructions d’interrompre sur le champ le versement de 750.000 dollars et de supprimer définitivement le budget alloué au souverain jordanien. Quoi qu’il en soit, le Roi Hussein n’a plus besoin de ses subventions, étant devenu un des dirigeants les plus riches du Moyen orient», soutient M. Carter.

Ben Bradley, Rédacteur en chef du Washington Post, commente les propos présidentiels en ces termes : « J’ai été en effet très surpris qu’un homme nullement dans le besoin tende la main pour quémander des subsides auprès de la CIA, alors qu’il dispose de palais en Europe valant chacun des millions de dollars, en sus d’un haras au Royaume Uni, d’une valeur de dix millions de dollars.

NDLA ! Selon Pandora Papers, l’enquête journalistique sur les fortunes cachées des dirigeants de la planète, à son décès, le 3 février 1999, le Roi Hussein possédait plusieurs propriétés luxueuses dans des divers endroits de la planète, dont trois luxueuses résidences à Point Dôme, sur une colline surplombant la plage de Malibu en Californie (35 millions de dollars)

Et sept biens fonciers luxueux au Royaume Uni, dont 3 dans le quartier huppé de Belgrave Square à Londres, ainsi qu’à Ascot et à Washington (Etats Unis).

Son fils et successeur Abdallah a placé 100 millions de dollars dans des sociétés-écran installées aux Îles Vierges (Archipel des Antilles), à l’ouest de Porto Rico. La famille royale hachémite dispose en outre de comptes numérotés au Crédit Suisse, dont l’un d’un montant de 224 millions de dollars.

Jimmy Carter a fait signe, comme pour interrompre la conversation sur ce thème, puis s’adressant à Ben Bradley :

«Jody Powell, porte-parole de la Maison Blanche, m’a informé que le Washington Post s’apprêtait à publier une information fracassante sur le Roi Hussein. C’est un véritable scoop et j’ai été personnellement surpris d’apprendre qu’ Hussein percevait un salaire de la CIA. Ni Henry Kissinger, secrétaire d’état de Gerald Ford, ni George Bush Sr, Directeur de la CIA, ne m’avaient informé de ce fait lors de leur briefing sur le Moyen orient.

…« Il n’est pas dans mon pouvoir d’intervenir pour stopper cette information. Mais sa publication concernant un vieil allié des Etats Unis porte atteinte à la sécurité nationale américaine. La parution de cette information, alors que Cyrus Vance, secrétaire d’Etat s’apprête à effectuer sa première tournée au Moyen Orient, qui inclut une étape en Jordanie, porte préjudice aux intérêts des Etats Unis.

Puis fixant droit dans les yeux les deux journalistes, Jimmy Carter s’adresse à eux avec une pointe de supplique : « J’ai été franc et clair avec vous. A votre tour d’être loyaux à l’égard de notre pays. Je vous ai exposé la vérité pleine et entière et je vous laisse la responsabilité de décider de l’opportunité de publier –ou non- cette information. L’intérêt des Etats-Unis vous concerne autant qu’elle me concerne ».

Réponse de Ben Bradley :

«Il va de soi que nous faisons tous grand cas de cette affaire. Mais je ne dispose pas du monopole de la décision, qui sera collégiale et émanera du Conseil de rédaction du journal. Je ferai part à mes collègues de vos appréhensions et mettrai l’accent sur les aspects sensibles de cette affaire. Je vous remercie du temps que vous nous avez accordé à Bob et à moi -même.

«Toutefois, dans le cas où le Conseil de Rédaction du journal estime que la fonction journalistique est sans rapport avec la défense d’un régime et ne doit pas se soucier de la réputation d’un roi… L’unique devoir d’un journal est de publier la vérité».

NDLA : L’entretien de Jimmy Carter avec les journalistes de Washington Post a été relaté par Ben Bradley dans son livre « A Good life : Newspapering  and other adventures» Simon And Schuster 1995  page 323, 425, 428.

2 – Nom de code « No Beef », la prévarication du haut commandement jordanien par la CIA.

Sur ce fait, le 16 Février 1979, le Washington Post publiait le récit de la relation entre le Roi Hussein de Jordanie et la CIA, dans un article signé Bob Woodward.

Sous le titre « La CIA a payé des millions de dollars au Roi Hussein de Jordanie », l’article précise que le monarque percevait 750.000 dollars par an de 1957 à 1977, soit pendant trente ans. A cela s’ajoutait une subvention en liquide du chef d’antenne de la CIA à Amman, à destination des officiers supérieurs de l’armée jordanienne et des services de renseignements. L’opération avait pour nom de code « No Beef  ». Elle visait à doter les Etats Unis, via la Jordanie, d’une emprise sur le pouvoir décisionnaire au Moyen orient.

Il va de soi que la parution de l’article du Washington Post a provoqué un choc en Jordanie. Le ministère des Affaires étrangères a accusé le quotidien américain d’avoir confectionné un article amalgamant supputation et diffamation. Mais cette réplique n’a pas empêché la Jordanie de faire preuve de souplesse dans la gestion de cette affaire.

«La confiance envers les États Unis ne sera pas affectée par cette campagne. Le Royaume hachémite poursuivra ses relations étroites avec ses amis», poursuit le communiqué, masquant mal l’irritation jordanienne.

3- Le Mossad, espion fils d’espion.

Les relations du Roi Hussein avec ses amis ne se sont pas limitées à la CIA. Elles engloberont aussi le Mossad. En 2023, à l’occasion du 50ème anniversaire de la guerre d’Octobre, les archives israéliennes ont déclassifié les entretiens de Golda Meir, à l’époque premier ministre israélien, et le Roi Hussein, à la demande expresse du monarque. L’entretien s’est déroulé au siège du Mossad, à proximité de Tel Aviv.

Elie Mizrahi, Directeur de cabinet de Golda Meir, a révélé que l’entretien a porté sur les préparatifs secrets de l’Egypte et de la Syrie à propos de la guerre d’octobre, marquée par la destruction de la Ligne Bar Lev, la défense israélienne dans le Sinaï, sur le Canal de Suez.

Hussein disposait à l’époque du nom de code « LIFT » (monte-charge), auprès des services israéliens.

NDLA: Le compte rendu du Mossad en date du 25 septembre 1973 sur la rencontre Hussein Golda Meir, au siège du Mossad, à proximité de Tel Aviv, révèle le nom de code donné au Roi « LIFT », sa référence au fait que le monarque faisait remonter les informations du Monde arabe vers Israël.

Se référant à des « sources de haute sensibilité » de l’armée syrienne, Hussein informe les Israéliens que «les préparatifs de guerre sont désormais achevés. Toutes les unités combattantes syriennes ont pris leur position de combat sur le front, y compris l’aviation et les forces balistiques», dit-il.

NDLA: L’officier jordanien ayant recueilli les confidences du syrien était le général Abboud Salem, directeur adjoint des services de renseignements jordaniens. Il n’a pas été possible de découvrir le nom de l’espion syrien, qui a informé la Jordanie des préparatifs de la guerre d’octobre 1973.

Selon des informations ayant circulé à l’époque, il s’agirait d’un général. Le contact a eu lieu le 1 er octobre 1973, coïncidant avec les ordres donnés par le commandement syrien de déployer les troupes sur le Golan. 5 généraux syriens avaient le commandement d’une division. L’espion ne pouvait être qu’un des 5 généraux en question.

Les relations d’Hussein avec les Américains, les Israéliens et les Anglais ne sont ni surprenantes, ni récentes; Tout comme ses relations avec les grands de l’espionnage mondial. Hussein n’a fait que poursuivre la voie empruntée auparavant par son grand-père Abdallah, fondateur de la dynastie hachémite en Jordanie.

Des Jordaniens se sont portés volontaires pour défendre la réputation de leur Roi, assurant que le monarque a été conduit par la force des choses à se mouvoir dans la fange, non par choix, mais par nécessité en ce que sa fonction le contraignait à se doter d’alliés forts en mesure de le soutenir dans les périodes difficiles qui ont secoué le trône.

Cette logique est inacceptable. La protection de son Roi ne doit jamais impliquer la trahison des aspirations d’une nation, ni justifier l’avilissement auquel a été conduit Hussein.

4- Un début prometteur

Le chérif Hussein de La Mecque, ancêtre du Roi Hussein, a été le dirigeant arabe le plus proche d’Israël. Au point qu’Itzhak Rabin, ancien premier ministre israélien, confiera un jour au Roi Hussein: «Majesté, vous êtes aimé en Israël, si un jour vous songez à postuler pour le poste de premier ministre, vous remporterez le vote de confiance à une large majorité ».

A son accession au trône, Hussein avait voulu se débarrasser d’un lourd héritage, dont il a été profondément marqué et qui a provoqué un véritable traumatisme en lui: L’assassinat de son grand père, Abdallah 1 er, dans l’enceinte même de la Mosquée Al Aqsa de Jérusalem, en 1951.

Au début de son règne, Hussein est apparu réformiste, prenant en considération les aspirations de son peuple.

5 –Le massacre de Kobbyé (Cisjordanie) et le dégagement des Anglais du commandement de l’armée jordanienne, notamment du général Glubb Pacha.

Mais cinq mois après son entrée en fonction, un massacre est intervenu à Kobbyé, (Cisjordanie), provoquant la mort de 67 personnes, la plupart des femmes et des enfants. Des manifestations ont éclaté dans tout le Royaume au point de mettre en péril le trône hachémite.

La colère populaire était dirigée non seulement contre les sionistes, mais aussi contre leurs alliés, les Anglais. Hussein dut alors relever de ses fonctions, le général Ashton, commandant d’une division jordanienne, et, surtout, celle du Général Glubb Pacha, commandant en chef de la Légion Arabe, le 2 Mai 1956, dégageant ainsi l’armée jordanienne de la totalité du corps des officiers anglais qui encadraient l’armée jordanienne à tous les niveaux de commandement en vertu de l’accord jordano anglais de 1946.

6- L’agression tripartite de Suez et le Pacte de Bagdad, un tournant.

En 1958, Hussein a dû faire face à une nouvelle épreuve : Le Pacte de Bagdad, mis sur pied à la suite de l’agression tripartie de Suez (France, Royaume Uni et Israël) contre L’Egypte et le symbole du nationalisme arabe, Gamal Abel Nasser, à la suite de la nationalisation du canal de Suez, en 1956.

Constitué par l’Irak hachémite et deux pays musulmans pro occidentaux, le Pakistan et la Turquie, le Pacte de Bagdad a été fondé par les Etats Unis dans le cadre du conflit de puissances lors de la guerre froide soviéto-américaine.  Il devait servir de maillon intermédiaire entre l’OTAN (secteur Atlantique) et l’OTASE (Asie Pacifique) et contenir la montée en puissance du flux nationaliste arabe dans la zone

Hussein a été pris de panique par la fusion syro-égyptienne, en Février 1958, et la chute de la monarchie irakienne, cinq mois plus tard, en Juillet 1958.  La Jordanie se trouvait alors entourée de pays hostiles: Égypte, Syrie, Irak et Arabie Saoudite qui avait délogé sa famille de La Mecque.

7- L’ascension vers l’abîme. Les offres de service de la CIA, au lendemain de la fusion égypto-syrienne.

Hussein éprouve alors la nécessité de nouer de solides relations avec des alliés forts et puissants. Certes la Jordanie avait de solides relations avec le Royaume Uni, mais l’expédition de Suez a provoqué une vague de suspicion à l’encontre des Anglais dans le monde arabe. C’est à ce moment que la CIA fait au Roi Hussein des offres de service. En 1957, au lendemain de l’agression de Suez et à la veille du lancement du Pacte de Bagdad ;

8- Londres 1963, le domicile du Docteur Emmanuel Herbert, lieu du premier contact entre le Roi Hussein de Jordanie et Ya’cov Herzog

La relation avec Israël prendra du temps à se concrétiser, les Israéliens souhaitaient au préalable mettre à l’épreuve le souverain jordanien.

Le premier contact a eu lieu Londres 1963, à la clinique du Docteur Emmanuel Herbert, médecin personnel du monarque jordanien, juif et sioniste notoire, situé au 21 Devonshire Place Street, un ensemble de six étages, au Centre de Londres.

NDLA: De son vrai nom, Emmanuel Herzog, Le docteur Herbert a opté pour le nom patronymique Herbert, à son arrivée au Royaume venant de Russie, qu’il avait fui. Médecin de l’hôtel Claridge, il a été recruté par l’Intelligence Service britannique lors de la 2me Guerre Mondiale et missionné pour entrer en contact avec les personnalités et célébrités de passage dans cet établissement prestigieux.

Sur instructions des services anglais, il a noué des contacts avec les sionistes britanniques, tel Marcus Sief, propriétaire de la chaîne Marcus and Spencer.  Marcus Sief sera par la suite anobli et prendra ale titre de Baron Sief of Brimpton.

A sa grande surprise, Herbert a confié à ses employeurs que Hussein était favorable non seulement à des contacts avec les sionistes britanniques, mais aussi avec les Israéliens, sous réserve que cela demeure secret.

Le premier contact du Roi Hussein a été Ya cob Herzog, directeur général adjoint du ministre israélien des Affaires étrangères.

L’historien israélien Avi Shlaim, auteur d’une biographie sur le Roi Hussein, «Le Lion de Jordanie» a recensé 46 rencontres Hussein-Herzog, nonobstant les rencontres parallèles entre le roi et d’autres responsables israéliens.

NDLA : Selon Avi Shlaim, les rencontres ont eu lieu à Londres, Paris, Tel Aviv, au siège du Mossad, à Amman, dans le désert jordanien de Wadi Araba, à bord d’une roulotte climatisée, à bord du yacht royal ancré dans le Golfe d’Akaba, à bord d’un navire de guerre israélien lance-missiles, ancré dans le Golfe d’Akaba

9- L’entrée en scène de Golda Meir à Paris… appartement de la Rue Raynouard dans le 16 me arrondissement

A l’automne 1963, Hussein se rend à Londres pour une visite médicale auprès du Dr Herbert. A cette occasion, il fait part à son médecin personnel de rencontrer des interlocuteurs israéliens de grade supérieur à celui de Ya’cov Herzog.

La réponse israélienne n’a pas tardé ! Golda Meir, ministre des Affaires étrangères, sera désormais l’interlocutrice du Roi et l’entretien aura lieu, non plus à Londres, mais à Paris, dans un appartement de la Rue Raynouard, dans le 16 me arrondissement de la capitale française, dans le quartier huppé de Passy, choisi par M. Walter Eytan, ambassadeur d’Israël en France.

Yossi Melman et Dan Rafif, deux écrivains israéliens, relateront ainsi l’entretien :

« Hussein entre le premier, accueilli par Golda Meir. Les deux interlocuteurs commencent à évoquer le souvenir du grand-père d’Hussein, Abdallah 1er, assassiné à la Mosquée Al Aqsa.

Sur l”assassinat d’Abdallah 1 er cf ce lien

https://www.madaniya.info/2020/07/22/l-assassinat-de-roi-abdallah-1er-de-jordanie-en-1951/

Puis Hussein demande à Golda Meir de l’aider contre ses ennemis à commencer par Nasser, les organisations palestiniennes et la Syrie.

Dans la foulée, il lui demande qu’Israël intervienne auprès des Etats Unis afin de favoriser une vente de blindés américains modernes à la Jordanie, s’engageant à ne pas en faire usage contre Israël ».

Réponse de Golda Meir :

«Nous ne nous contentons pas de promesse, nous avons besoin aussi de garanties solides.

Hussein : Je suis prêt à vous fournir une garantie à vous et aux Etats Unis. Je garantis ma promesse sur mon honneur».

NDLA; Cf à ce propos, «le récit des relations secrètes entre Hussein de Jordanie et Israël», Yossi Milman et Dan Raffi, page 91

10 – Le petit roi futé : BYK « Brainy Young King », nom de code du Roi Hussein auprès des Israéliens

Le Roi Hussein devient rapidement le dirigeant arabe le plus aimé des Israéliens. Au point qu’Itzhak Rabin, ancien premier ministre israélien, confiera un jour le monarque hachémite: «Majesté, vous êtes aimé en Israël, si un jour vous songez à postuler pour le poste de premier ministre, vous remporterez le vote de confiance à une large majorité.

Dans la correspondance secrète israélienne, le Roi Hussein de Jordanie était désigné par des initiales BYK pour «Brainy Young King, le Roi futé). Par extension, les gazettes occidentales qualifiaient de «petit roi», un terme en apparence affectueux qui marque en fait une connivence tacite avec la désignation israélienne.

11- Hussein, un mystificateur. La fausse reconquête de deux localités jordaniennes. Une opération d’enfumage médiatique pour redorer son blason.

Avec le développement des relations jordano-palestiniennes, les rencontres n’avaient plus lieu en Europe, mais en Israël ; la distance est plus courte, le lieu plus discret.

Par la suite, les lieux de rencontre jordano-israéliennes ont migré d’Europe (Londres, Paris) vers le Moyen Orient, Tel Aviv, ou alors à bord d’un navire lance-missiles israélien, à bord d‘un yacht, dans le golfe d’Aqaba, dans une roulotte climatisée dans le désert de Wadi Araba.

Mars 1970, une réunion a groupé à bord d’un navire de guerre lance- missiles israélien qui avait jeté l’ancre dans le Golfe d’Akaba.

Le roi était accompagné de son cousin, le Général Zayed Ben Chaker, à l’époque commandant de la 40me division blindée, qui jouera, six mois plus tard, un rôle actif dans la répression de la révolte anti palestinienne lors du Septembre Noir jordanien. Du côté israélien étaient présents : Moshé Dayan, ministre de la défense ; Abbas Eban, ministre des Affaires étrangères, Haïm Bar Lev, chef d’état-major et Haïm Herzog, directeur des services de renseignements israélien.

Le Roi demande aux Israéliens de l’aider à maîtriser les organisations palestiniennes. En réponse, Moshé Dayan lui propose un cadeau: le retrait de l’armée israélienne de deux localités de la vallée du Jourdain Ghor as Safi et Ghor Fifa.

Hussein a voulu tirer profit du retrait israélien, songeant aux dividendes que cette opération pouvait générer à sa personne et à son trône.

Fort de la promesse israélienne, Hussein ordonne à l’armée jordanienne d’attaquer les deux localités évacuées, « afin de les libérer des griffes de l’occupation israélienne ».

La propagande jordanienne a annoncé que le Roi en personne a commandé la bataille, infligeant «de lourdes pertes à l’ennemi ».

Le 18 septembre 1970, au plus fort de la guerre jordano-palestinienne, des blindés syriens déferlent vers la Jordanie, s’emparant de la ville d’Irbid, chef-lieu du Nord du Royaume. Israël vole alors au secours du Roi, transférant du Front de Suez, face à l’Égypte, une division blindée pour la déployer sur le Front oriental face à la Syrie, alors l’aviation israélienne multipliait les incursions dans l’espace aérien jordanien, franchissant à diverses reprises le mur du son au-dessus des syriens, en vue de les intimider.

L’intervention directe des Israéliens, de même que les pertes syriennes, ont conduit Damas à retirer ses troupes du Royaume.

En octobre 1970, alors que le Roi venait de gagner sa guerre contre les Palestiniens, Hussein rencontre Ygal Allon, vice premier ministre israélien qui a constitué le plus fort soutien du Roi lors de la séquence du «septembre noir». Les deux hommes se sont congratulés chaleureusement. Le roi a remercié «du fond du cœur» Israël pour son soutien politique et militaire.

Pour le locuteur arabophone, cf, ce lien

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Jaafar Al Bakli

Universitaire tunisien, chercheur sur les questions de l’Islam, spécialiste de l’histoire politique des pays arabes, notamment les pays du Golfe.

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