Maroc-Israël : Jusqu’à quand ce silence humiliant ?

Maroc-Israël : Jusqu’à quand ce silence humiliant ? 1440 720 Anis Balafrej

Par Anis Balafrej, ingénieur, diplômé de l’École Centrale Paris, membre éminent du militantisme marocain pro palestinien, Anis Balafrej est le fils de Ahmed Balafrej, chef du parti Al Istiqlal, (L’indépendance), animateur du combat contre le protectorat français sur le Maroc. Anis Balafrej est contributeur https://www.madaniya.info. La liste de ses contributions figurent sur ce lien:  https://www.madaniya.info/author/anis-balafrej/

Cinq ans après la signature des accords d’Abraham, Israël a profondément infiltré le Maroc

Les dits accords d’Abraham ne sont que le début de la mise en œuvre de ce plan, qui vise à implanter une culture “judéo-amazighe” en remplacement de l’identité marocaine islamique, il est désormais clair que la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara ne change rien à la réalité sur le terrain : la situation reste inchangée, et aucune solution ne se profile à l’horizon.

Nous ne supportons plus de rester silencieux face aux massacres quotidiens à Gaza.

Quiconque a un tant soit peu d’humanité est envahi par la douleur et la colère, ne pouvant plus supporter de voir des enfants déchiquetés, brûlés vifs, des gens errant affamés parmi les décombres des bâtiments, des nourrissons mourant de faim et de négligence, et chaque être humain exposé à des bombardements aveugles et barbares, à toute heure du jour et de la nuit, partout.

Les masses ont exprimé leur colère à travers de nombreuses manifestations dans tout le Maroc, réclamant du pouvoir suprême du pays qu’il prenne les mesures nécessaires pour une solidarité concrète avec le peuple palestinien, à commencer par la rupture de toutes les relations avec l’entité criminelle et l’interdiction aux navires chargés d’armement américain d’utiliser les ports marocains sur leur route vers Haïfa.

Cela fait maintenant cinq ans que le Maroc a adhéré aux funestes accords d’Abraham, et il est désormais clair que la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara ne change rien à la réalité sur le terrain : la situation reste inchangée, et aucune solution ne se profile à l’horizon.

En revanche, au cours de ces cinq dernières années, Israël a profondément infiltré le Maroc, et de nombreuses portes lui ont été ouvertes dans divers secteurs : industrie militaire, agroalimentaire, agriculture, ressources en eau, énergie, tourisme, transport, éducation, santé, équipements électroniques de surveillance et d’espionnage, fourniture d’un satellite, octroi de permis d’exploration pétrolière sur les côtes, et récemment, signature d’un contrat d’exploitation d’un champ au large de Dakhla.

Le bilan est que le Maroc a vendu sa souveraineté, ses ressources et l’avenir de générations de marocains, en échange de rien. Il faut rappeler que le sionisme n’est pas un colonialisme tel que nous l’avons connu dans notre pays au siècle dernier, c’est un colonialisme de remplacement, de nature expansionniste et hégémonique.

Les dits accords d’Abraham ne sont que le début de la mise en œuvre de ce plan, qui vise à implanter une culture “judéo-amazighe” en remplacement de l’identité marocaine islamique, à contrer les aspirations du peuple marocain à un système démocratique fondé sur le Droit et la justice sociale, et à créer un environnement social favorable au projet du Grand Israël et de sa domination régionale.

La situation du Maroc est extrêmement grave : il se trouve à la croisée des chemins, entre la soumission à l’hégémonie américano-sioniste avec ses conséquences dévastatrices, et l’abandon de la cause de la libération de la Palestine et d’Al-Aqsa, ou bien, la prise d’une décision courageuse de se retirer des accords d’Abraham pour préserver l’indépendance du Maroc et ses constantes nationales historiques.

Le Maroc a connu un moment historique similaire sous le protectorat, lorsque le roi Mohammed V s’est rebellé contre le résident général français à Rabat en août 1953, choisissant de s’aligner sur les aspirations du peuple et la lutte nationale pour l’indépendance, plutôt que d’être un sultan manipulé par le colonialisme français.  Il a préféré l’exil au trône.

La situation actuelle est plus complexe, les dangers entourent le Maroc de toutes parts, les ennemis sont nombreux, mais nous ne devons pas perdre la boussole ni céder aux tentations de l’argent et des promesses illusoires.

L’équation d’aujourd’hui est la même que celle de l’époque du protectorat : Allons-nous défendre notre dignité et notre existence en tant que nation unie, liée par plus de mille ans d’histoire aux autres pays arabes et musulmans, et apporter les réformes nécessaires à notre pays comme le stipulait le Manifeste de l’indépendance du 11 janvier 1944, avecl’approbation du défunt roi Mohammed V ?

Ou allons-nous sombrer dans le plan colonial américano-sioniste, perdre tous les acquis de l’indépendance et accepter de vivre humiliés sous le joug d’Israël ?

Revenant à Gaza, toute solidarité avec le peuple palestinien, confronté au génocide et au déplacement forcé, implique la rupture immédiate des relations avec les auteurs des crimes contre l’humanité. Rompre les relations entre le Maroc et Israël serait un séisme politique pour le gouvernement Netanyahou, et pourrait même entraîner sa chute.

Et le Maroc entamerait alors une nouvelle étape pour préserver sa souveraineté et redéfinir sa stratégie dans le nouveau monde multipolaire.

Le Maroc le fera-t-il ?

Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien

https://www.renenaba.com/jared-kushner-la-normalisation-israelo-arabe-une-sensation-de-film-hollywoodien/

Anis Balafrej

Ingénieur, diplômé de l’École Centrale Paris, membre éminent du militantisme marocain pro palestinien, Anis Balafrej est le fils de Ahmed Balafrej, chef du parti Al Istiqlal, (L’indépendance), animateur du combat contre le protectorat français sur le Maroc.

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