Dernière mise à jour le 27 juillet 2025
Retour sur ce personnage
Par Maurice Buttin (1). Me Maurice Buttin est contributeur https://www.madaniya.info.
Il y a peu, j’ai tagué son petit camarade d’école de guerre Benyamin Netanyahou, dit Bibi (https://www.madaniya.info/2025/07/17/sacre-bibi/). Comment ne pas penser aujourd’hui à Donald Trump ? Ils sont tellement proches tous les deux. De vrais amis.
Des guerriers aussi. Mais pas du même style. Avec Bibi, le « bulldozer » à en croire La Croix (1), plus Gengis Khan, impitoyable et sanguinaire qu’Alexandre le Grand comme je l’avais relaté, c’est la guerre perpétuelle, Gaza, Cisjordanie, Liban, Syrie, Iran. Rien ne semble l’arrêter… pour sauver sa peau.
Donald Trump, c’est la Paix. Il est arrivé au pouvoir une première fois en 2016. Il l’a encore affirmé le jour de son investiture le 20 janvier 2017. Cette Paix, il va l’évoquer tous les jours au cours de ses deux mandats.
Bibi et Donald sont tout de même différents de par leurs origines. Le premier, petit fils d’un rabbin émigré de Lituanie est le fils de l’historien Bension Netanyahou, militant du « sionisme révisionniste », secrétaire de Vladimir Jabotinsky, le père spirituel de la droite israélienne.
Donald est le fils d’un milliardaire, prometteur immobilier. A 25 ans, il a pris la direction de l’entreprise familiale qu’il a renommée The Trump organisation. Il se constitue un empire économique et devient à son tour milliardaire.
Il se lance en politique en 1987 inscrit au Parti républicain. Il le quitte, opposé au leader le Président George W. Bush, et s’inscrit au Parti démocrate. En 2009, il revient au Parti républicain. Il remporte les primaires présidentielles de 2016, avec le slogan « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique »).
Elu Président des Etats-Unis en novembre, il va le jour de son investiture le 20 janvier 2017, prendre des dizaines de décrets – notre média LCI aime montrer sa belle signature… Parmi eux, deux aux conséquences graves : il retire les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat et de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien. Il signe aussi de nombreux décrets contre l’immigration, et généreux, ignare du droit international, il donne la ville de Jérusalem et le Golan à son ami Bibi !
De nouveau candidat en 2020, il est battu par le démocrate Joe Biden. Il ne lui pardonnera jamais. Le 6 janvier 2021, il encourage, de facto, ses partisans les plus extrémistes à prendre d’assaut le Capitole ! D’aucuns évoqueront une tentative de coup d’Etat.
Trump se présente à nouveau en 2024. Non seulement il est élu 47ème Président des États-Unis, mais il emporte, et le vote populaire, et celui des deux Chambres. Si nous avons, nous, notre Jupiter, un peu globe-trotter ces temps-ci, puis Arès, Dieu de la guerre, Donald se prend, lui, pour Zeus, le roi des Dieux. Il est omniscient, omniprésent, et omnipotent. N’est-il pas simplement qu’« un agitateur démagogique » pense Alexandre Adler (2) ?
Trump n’hésite pas à dire qu’il est le meilleur de tous les Présidents des États-Unis. Ne rêve-il pas d’avoir son visage sculpté sur le Mont Rushmore National Memorial aux côtés des quatre illustres Présidents, G. Washington, T. Jefferson, T. Roosevelt et A. Lincoln ? Pour lui, ce serait normal, parce que le Mouvement MAGA (Make America Great Again) qu’il a lancé, est à l’en croire « le plus important de l’histoire américaine ».
Dès sa prise de pouvoir le 20 janvier 2022, il retire de nouveau les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat et prend des dizaines de décrets. Commerçant, avant tout, il annonce de nouveaux droits commerciaux dans les échanges internationaux, en particulier avec les pays européens qu’il déteste « L’Union Européenne n’a été créée, affirme-t-il, que pour nous racketter » !
Examinons l’homme de Paix et les résultats de sa négation d’un changement climatique.
Palestine : ce n’est pas lui qui a commencé à aider les Israéliens, mais Joe Biden, complice dans l’annihilation de Gaza. Ce Président un an après le 7 octobre 2023 ne se vantait-il pas « qu’aucune administration n’a aidé Israël plus que moi » ? Cela ne l’empêchait pas de présenter le 31 mai 2024 « une feuille de route pour un cessez le feu durable à Gaza », en trois phases. Trump a repris l’idée de cette trêve, en faisant pression sur son ami Bibi, mais à des conditions cette fois inacceptables pour le Hamas. En même temps, il continuait à fournir de l’armement militaire aux Israéliens et, proposait l’évacuation des Gazaouis et la transformation de la Bande de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient », au profit des entrepreneurs étasuniens !
Il a aussi livré l’entièreté de la Cisjordanie aux annexions israéliennes via son « deal du siècle ». S’est-il préoccupé un jour de la décision prise, le 18 septembre 2024, par l’Assemblée générale de l’ONU qui « exige le retrait total d’Israël du Territoire palestinien occupé sous douze mois » ? Zeus, chef suprême « ONU, connait-pas », ce qui ne l’empêche pas de décider des sanctions contre Françoise Albanez, experte des droits de l’homme pour l’ONU, parce qu’elle dénonce « l’horreur à Gaza ».
Dans un double jeu Trump devenait ainsi, après Biden, complice des crimes de guerre, voire du génocide, commis à Gaza par la soldatesque israélienne. Le Tribunal pénal international devrait enquêter…
Ukraine. Poutine. Le Président étasunien affirme que s’il avait été réélu en 2020 « cette guerre n’aurait jamais eu lieu ». On se demande pourquoi ? Cette affirmation rappelle la réplique de l’inoubliable Petit Gibus dans la Guerre des boutons : « Si j’aurais su, je serais pas v’nu » !
Désirant là aussi la Paix, il va accepter de recevoir le Président Zelensky, mais pour l’humilier publiquement, avant de faire ami ami, celui-ci lui cédant les terres rares et autres éléments industriels. Ne jamais oublier le commerce…
Avec Poutine, les sentiments et les approches seront divers. Il choisit d’abord de négocier en tête à tête avec Moscou. Il a du respect à l’égard de ce chef d’Etat – ce qui ne l’empêche pas un beau jour de le traiter de « fou », d’où la réplique du Président russe, apprise à l’école primaire : « C’est celui qui le dit qui l’est ». Une autre fois, il contacte à nouveau Poutine pour conclure : « Il parle gentiment et ensuite il bombarde tout le monde le soir ! ».
Il somme un temps les Européens de gérer seuls l’aide aux Ukrainiens. Puis, le 14 juillet 2025, très mécontent de sa dernière conversation avec Poutine, il change son fusil d’épaule. Il a pris acte de son échec quant à la Paix entre les deux belligérants, et annonce : « Je suis déçu du Président Poutine, car je pensais que nous aurions un accord il y a deux mois (…). Par conséquent, nous allons mettre en place des droits de droits de douane sur Moscou, si nous n’avons pas un accord d’ici 50 jours, ils seront à 100 % ». Un effet théâtral, sans plus. Mais, en même temps, Trump promet aux Ukrainiens la livraison « d’un très grand nombre d’équipements militaires ». « Nous allons le fabriquer, une très grosse affaire » … et ce sont les membres de l’OTAN qui vont le payer » ! Là encore, le commerçant a réagi.
Iran. Trump avait pour idée de discuter un nouvel accord sur le nucléaire avec les Iraniens. Bibi en était inquiet. Le va-t-en guerre décide donc le 12 juin 2025 de frapper l’Iran – alors que rien n’indiquait que ce pays avait pris la décision de construire une bombe. Les frappes aériennes touchent à la fois des installations militaires et des sites nucléaires. Pour un faible bilan. Au passage des chefs militaires iraniens ont été assassinés… Résultat, les Iraniens lancent des missiles sur les villes israéliennes…
Bibi pousse son ami Donald a frappé plus fort. Celui-ci prend le relai. L’aviation étasunienne frappe trois sites nucléaires : Fordo, Natanz et un site près d’Ispahan, avec des bombes anti bunker GBU-57. Trump se vante d’une opération « très réussie ». Est-ce si sûre. Des renseignements attestent que le programme iranien n’aurait été retardé que de « plusieurs mois ». Et si cessez-le-feu intervient au bout de douze jours, sous la pression de Trump, la chute du régime envisagé n’est plus qu’un phantasme.
Alors, Palestine, Ukraine, Iran, Trump, homme de Paix ou homme de guerre ? Un comble, en déplacement à Washington Bibi proposait que son ami soit présenté pour le prochain Prix Nobel de la Paix ! Faut-il en rire ou en pleurer ?
Trump et le changement climatique. Donald n’y croit pas. Il est pourtant prouvé par tous les experts et le commun des mortels. Les incendies monstres dans la région de Los Angeles en janvier 2025 causant 2 000 victimes ; la crue historique au Texas début juillet entraînant 120 victimes et des centaines de disparus, n’ont pas changé sa position. Il a 79 ans, peut-être a-t-il en tête le fameux dire attribué à Madame de Pompadour à l’adresse de son amant Louis XV : « Après moi le déluge » !
Trump et sa situation aux États-Unis. Il a rompu avec Elon Musk, pourtant principal financier de sa campagne.
Une opposition se développe dans les universités, chez des intellectuels et des universitaires. Il est mêlé à la mort de J. Epstein trouvé pendu dans sa cellule en 2019 avant d’être jugé…
Et oui, sacré Donald, demain c’est peut-être des poursuites par la CPI et dans ton pays !
*Me Maurice Buttin, président par intérim du CVPR PO, membre des C.A. de « Pour Jérusalem » et des « Amis de Sabeel-France », de « Chrétiens de la Méditerranée » et de l’AFPS 14°
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