Remue méninges en Arabie saoudite 2/2

Remue méninges en Arabie saoudite 2/2 938 400 La Rédaction

Dernière mise à jour le 22 janvier 2024

La philippique d’un activiste saoudien contre un dignitaire salafiste syrien, coupable d’avoir viré un million de dollars à «Jabhat an Nosra» : «De combien tu as été gavé et je dirai qui tu es» – par Hammad Al Salmy (article en date du 2 novembre 2014).

www.madaniya.info soumet à ses lecteurs le texte d’un activiste saoudien Hammad Al Salmy à l’encontre d’un dignitaire syrien salafiste, Adnane Al A’arour, un sujet tabou jusqu’alors dont la virulence témoigne du changement d’attitude d’une fraction des élites intellectuelles saoudiennes contre les prédicateurs salafistes.

Dans son titre, le polémiste se livre à un jeu de mots à propos du nom patronymique de sa cible «Al A’rour» du verbe «Tara’ara-s’épanouir». Traitant des largesses dont le dignitaire a bénéficié en Arabie et de son ingratitude à l’egard de son pays hote, le titre le plus adapté serait le suivant: «Dis moi de combien tu as été gavé et je te dirai qui tu es».

  • Hammad Al Salmy: Ecrivain et journaliste saoudien, il est l’animateur du forum culturel Al Salmy, à Taef. Il s’est signalé par ses écrits critiques à l’égard du fannatisme et l’extrémisme dans la décennie 1980. Ses contributions sont régulièrement publiées dans le quotidien saoudien Al Jazirah et le journal transarabe de Londres «Al Hayat». Il est la cible des salafistes qui le considèrent comme «un libéral, nourissant une détestation à l’égard des enseignements de la religion muuslmane».
  • Adnane Al A’arour: de nationalité syrienne, originaire de Hama, qu’il quittera en 1982 à la suite des massacres dont la ville a été le théâtre, pour se réfugier en Arabie saoudite. Il s’engage au sein de l’organisme officiel saoudien «Hay’at  Al Amr Bil Maarouf Wal Nahi Bil Mounker»-«La commission qui prescrit le bien et proscrit le mal».

Ferme partisan du sunnisme, le religieux syrien est résolument hostile au chiisme et aux autres religions.Le pouvoir saoudien a mis à sa disposition une tribune médiatique sous forme d’une chaîne de télévision salafiste émettant du Koweït «Wissal», qui s’est transformée avec la guerre de Syrie en tribune des salafistes hostiles au régime syrien. Élargissant son champ d’action, le dignitaire salafiste syrien a mené une campagne de presse contre es figures du mouvement populaire syrien, accusant nommément Haytham Manna, un des chefs de file du courant de l’opposition démocratique syrienne, d’«athéisme et d’apostasie».

Ses prestations télévisées grassement rétribuées lui ont permis d’amasser de sommes substantielles, qu’il affectera au lancement d’une nouvelle chaîne de télévision salafiste en Jordanie, cette fois, pour sa proximité avec la Syrie: La chaîne «Chaza».

Al A’arour a commis l’erreur de croire qu’il pouvait poursuivre ses campagnes d’ostracisme en toute immunité en raison de son réseau relationnel, passant outre au virage du Royaume saoudien consécutif su surgissement du calife Ibrahim (Da’ech) et à la criminalisation des Frères Musulmans et des autres organisations ddjihadistes-takfiristes. Il a ainsi collecté d’importantes sommes à l’occasion du pélerinage annuel de La Mecque, via son téléphone mobile, dont il a affecté le montant à son compte personnel.

Me Abdel Rahman Al Lahem, avocat de la Ligue Arabe des Droits de l’Homme, a alors porté plainte contre le prédicateur syrien, alors que la presse saoudienne abondait d’articles sur ses relations avec Al Qaida et les groupements islamistes extrémistes.

Cet article donne une idée des contradictions dans lequel se débat le pouvoir saoudien entre les mesures drastiques qu’il a édictées à l’encontre des organisations djihadistes-takfiristes et le laxisme dont il fait preuve à l’égard des extrémistes, lesquels pensent, à tort, que leur état de service antérieur les place à l’abri des représailles.

«De combien tu as été gavé et je dirai qui tu es».

….«Le phénomène du Cheikh Syrien Adnane Al A’rour, devenu le sujet de conversations des salons et des médias, mérite d’y prêter attention pour en étudier les conséquences, avant de faire un retour sur soi pour en connaître les causes qui ont présidé à sa naissance.

‘Je m’adresse à ceux qui sont au sommet de la pyramide des responsabilités politiques, sécuritaires et sociales. Je m’adresse aussi à l’ensemble des institutions officielles et privées ainsi qu’à mes compatriotes saoudiens qui croient en Dieu et compatissent avec les souffrances des Arabes et des Musulmans, qui sont parfois emportés par leur affectivité au point de s’égarer dans leur élan de générosité, affectant à leur ennemis ce qu’ils devaient destiner à leurs amis, s’infligeant ainsi qu’à leur pays des pertes tant sur le plan religieux que politique que social.

Ce fait n’est pas nouveau pour nous. Il date même de la dérive du djihad afghan, qui a muté d’un djihad en faveur de Dieu, en Djihad contre nous, chargeant notre pays d’anathèmes, d’apostasie et d’explosifs, visant la sécurité nationale de la patrie, son leadership et sa stabilité.

Cheikh Al’ A’arour est venu à notre pays baignant de tranquillité, en quête de sécurité et de protection . Il se devait de respecter les règles d’hospitalité de ce pays hospitalier, à l’instar des milliers de Syriens, y compris des oulémas, des hommes des médias, des dirigeants et des chefs.

Un million de dollars don du cheikh Al Darfour à Jabhat An Nosra

Dès le début, il s’est comporté comme chef, comme un héros sauveur…. de l’extérieur de la Syrie. Pis, il a abusé de la confiance des savants et des associations de bienfaisance, de même que des médias, jouant sur la rengaine des différences confessionnelles entre sunnites et chiites.

Il a fait plusieurs apparitions sur les écrans de la télévision s’en prenant aux chiites du royaume, via les médias du pays, dans une surenchère bas de gamme. J’avais mis en garde, à l’époque, contre lui et son discours opportuniste bon marché dont le but était de gagner la sympathie des saoudiens et perturbé leurs sentiments.

Puis il s’est mis à faire des tournées dans les provinces du royaume, trônant au milieu de banquets, suscitant l’enthousiasme de son auditoire par des discours grandiloquents. A Taëf, précisément, cela s’est produit à plusieurs reprises sans que personne ne lui dise Halte. Il s’est présenté comme un Monsieur Bons Offices, chargé de collecter des fonds pour les sinistrés et les blessés de Syrie, mentionnant son compte bancaire personnel dans ses gazouillis sur Twitter.

Il a ainsi continué à arpenter le pays en long et en large sans le moindre contrôle, jusqu’au jour où un dissident de Jabhat An Nosra, Sultan Al Atwi, révèle qu’Abou Mohamad Al Joulani a reçu un financement du cheikh Al’A’arour, d’un montant d’un million de dollars……………un million de dollar de la part d’un individu hôte du royaume, qui n’ignore pas que Jabhat An Nosra est un groupement terroriste, lié à Al-Qaida terroriste et que le Royaume a proclamé à plusieurs reprises qu’Al-Qaida est une organisation terroriste, à l’instar de Da’ech.

Pourquoi Al A’arour n’a pas respecté les règles de l’hospitalité et ne s’est pas conformé aux lois du pays dont il est un résident, alors qu’il n’a cessé, jour et nuit, d’attiser les sentiments des saoudiens, de tirer profit de leur sentiment religieux pour leur soustraire davantage d’argent d’une manière légale et non légale?

Dispose-t-il d’une immunité quelconque? S’agit-il d’une exception s’agissant d’un homme qui tire profit des dissensions et des épreuves que traverse le pays pour s’enrichir selon l’adage bien connu «Massa’ebi kawmen», dont la traduction française est la suivante «les malheurs des uns font le bonheur des autres».

Les épreuves des Syriens se résument pour lui et ses semblables à des cadeaux et des dons et un flot d’argent sur des comptes privés et non des comptes officiels affectés par l’état à la collecte des contributions.

L’affaire ne se réduit pas à Adnane Al’A’rour et au phénomène qu’il induit. Elle relève de notre droit de pose la question de savoir: Combien d’A’arour et de ses semblables existe-t-il, qui vivent parmi nous et qui pratiquent à notre égard la tromperie et la supercherie, au nom de la religion? Qui trait ce qui lui convient de notre argent privé pour le compte des groupements extrémistes terroristes auxquels il appartient?

Combien d’Al’A’arour se drape de piété pour tromper en fait son monde, en vue de gagner la confiance des gens et le soustraire de l’argent qu’ils pensent accorder à des œuvres de bienfaisance? Des dons versés au service de Dieu pour nourrir les affamés, revêtir les dépouillés et soigner les blessés, alors qu’en réalité, la quête relève d’un projet terroriste sous habillage réformiste, qui capte les richesses de la société pour embrigader les enfants des autres, pour tuer et se faire tuer dans de batailles nihilistes;  un argent avec lequel il achète des armes pour égorger les créatures de Dieu, tout en s’empressant de partager la prière avec es autres croyants, écoutant leurs prêches et les prêchant, pleurant t souriant avec eux..jusqu’à ce que leurs gorges soient tranchées.

Il est sûr que Cheikh Al A’arour me qualifiera certainement comme appartenant à  la clique des sans religion qui se recrutent parmi les écrivains et les gens des médias saoudiens. Un qualificatif attribué instantanément dès lors qu’ils critiquent les comportements irréfléchis qu’ils décèlent dans leur pays et la société dans laquelle ils vivent et deviennent, ipso facto, des sans religion…..Pourvu qu’il ne remette pas en marche son disque rayé ou ne mobilise un de ses scribes pour entonner la rengaine.

Aux gens de bien dans mon pays chéri, combien de fois vous vous êtes gavés du Cheikh  Al’ A’arour de ses semblables. Vos dons et vos bienfaits ne sont pas allés dans la bonne direction. Si vous vous pénétrez de cette réalité, vous connaîtrez votre propre réalité

La Rédaction

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