Quand Abou Dhabi espionne l’Arabie saoudite 2/3 : De la Politique étrangère

Quand Abou Dhabi espionne l’Arabie saoudite 2/3 : De la Politique étrangère 1200 900 René Naba

La présence de Mohamad Ben Nayef au poste de prince héritier à l’accession du Roi Salmane au pouvoir, de même que la présence de la vieille garde wahhabite dans les principaux rouages de l’État avaient quelque peu tempéré le caractère fougueux du fils du nouveau roi. Mais à son intronisation comme prince héritier, MBS a donné une nouvelle impulsion à la politique étrangère saoudienne. A son image: Plus dynamique mais impulsive.

I- Rapprochement avec la Maison Blanche

«A l’accession de Donald Trump à la tête de l’exécutif américain, en 2016, les relations saoudo-américaines ont connu une nette amélioration après une décennie de tension. La visite de MBS à Washington quelques mois avant son intronisation comme prince héritier a scellé son alliance avec Jared Kushner, gendre du président américain et membre influent du lobby juif américain. Cette alliance a ouvert la voie à la propulsion de MBS comme prince héritier. Trois mois plus tard, Donald Trump choisissait l’Arabie Saoudite comme 1 ère étape de sa visite officielle à l’étranger en tant que président des États Unis.

Ci joint le récit de cette idylle insolite

«Toutefois, bon nombre d’observateurs saoudiens ont mis en garde contre un excès d’optimisme sur l’attitude de Donald Trump envers l’Arabie saoudite, faisant valoir que le durcissement du président américain envers l’Iran était d’ordre tactique visant en premier lieu à exercer un chantage sur le Royaume en le rançonnant en contrepartie de la protection américaine.

Contre-argumentaire des sympathisants de MBS: «Au delà des critiques sur le comportement opportuniste de Donald Trump à l’égard du Royaume, son administration a néanmoins procuré à l’Arabie un important lot de missiles téléguidés de précision, donnant son accord de principe à un transfert de technologie nucléaire au Royaume; enfin, de faire usage de son droit de veto contre toute mesure visant à priver la coalition pétro monarchique sous leadership saoudien du soutien de l’armée américaine. Enfin, dernier argument à cette alliance, le soutien sans faille de Donald Trump à MBS dans l’affaire Jamal Khashoggi.

II- Du Yémen

«La perpétuation de la guerre du Yémen a provoqué un accroissement considérable des pertes politiques et militaires, alors que les Saoudiens prévoyaient une défaite rapide des Houthistes, lesquels, en la matière, ont déjoué les prévisions de leurs assaillants.

A propos de la guerre du Yémen, cf ce lien:
https://www.renenaba.com/yemen-an-iii-guerre-a-huis-clos-dun-rogue-state/

III- Le Qatar

«Le boycottage du Qatar n’a pas conduit la principauté rivale à modifier sa ligne de conduite. Offensive au départ dans sa campagne contre le Qatar, l’Arabie saoudite s’est repliée derrière une ligne défensive. «Toutefois, malgré cet échec, le Royaume va persister à boycotter le Qatar sur le long terme, s’employer à saboter tous les projets qataris dans la zone et affaiblir ses alliés notamment les Frères Musulmans.

Sur le conflit entre les deux frères ennemis du wahhabisme, cf ce lien
https://www.madaniya.info/2017/06/08/arabie-saoudite-qatar-guerre-freres-ennemis-wahhabisme-guerre-de-defausse

IV- Émirats Arabes Unis:

«La sympathie qu’éprouvent mutuellement l’un pour l’autre les deux princes héritiers MBS (Arabie saoudite) et MBZ (Abou Dhabi) a entraîné une amplification des relations entre les deux pays, en dépit de cette étroite coordination, des indices font état d’une approche divergente des deux pétromonarchies à propos du Yémen, notamment au sujet de leurs alliances avec les forces locales et de la répartition de leur zone d’influence respectives. Ces divergences pourraient conduire à terme à un affaiblissement de la coalition pétro-monarchique au Yémen et se répercuter sur la qualité de la coopération entre les deux pays.

Sur la relation entre les deux pétromonarchies, les plus riches du Golfe, cf ce lien:
https://www.madaniya.info/2020/11/07/tandem-arabie-saoudite-abou-dhabi-objectif-commun-le-10me-rang-des-puissances-economiques-mondiales/

V- Renforcement des liens avec les fondamentalistes évangéliques américains protestants

«Dès sa nomination au poste de Prince héritier, il était devenu évident que le qualificatif d’«ennemi» ne s’appliquait plus à Israël. Ce terme désignait désormais l’Iran.

Ce changement sémantique a conduit le Royaume à entreprendre des démarches progressives en vue d’établir des relations stratégiques avec Israël.

Sur la stratégie progressive de rapprochement avec Israël, cf ce lien:
https://www.madaniya.info/2016/03/08/salmane-israel-2-3-moujtahed-acte-3/

«L’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi a donné l’occasion à MBS d’opérer un rapprochement avec le courant fondamentaliste évangélique protestant des États Unis en vue de contre carrer les pressions du Congrès américain sur Donald Trump en vue de contraindre le président américain à prendre ses distances d’avec le prince héritier saoudien.

«Le courant fondamentaliste américain a en effet mobilisé ses médias et ses groupes de pression pour neutraliser la pression du congrès américain. «En Arabie, les tenants de la diplomatie classique ont mis en garde contre ce rapprochement et ses répercussions néfastes tant sur l’image du Royaume que sue la position de l’Arabie saoudite au sein du monde arabe et musulman.

Toutefois, le rapprochement entre MBS et le courant fondamentaliste protestant américain a été utile et a porté ses fruits.

Sur le poids géopolitique des évangéliques américains, cf ce lien : https://www.cairn.info/revue-herodote-2005-4-page-25.htm#

VI- Modification du discours religieux à destination du monde extérieur et fermeture des centres religieux saoudiens à l’étranger.

Le ministère saoudien des Affaires islamiques a suspendu les activités de 26 centres saoudiens dédiés à la prédication et au prosélytisme, y compris au sein des principautés du Golfe (Doubaï, Foujeirah, Oum el Quoyoum), ainsi qu’en Asie, en Europe (Bosnie-Herzégovine) et en Amérique latine (Argentine) et en Afrique (Cameroun, Ouganda, Djibouti et Sénégal).

A propos du déploiement saoudien en Europe, cf ce lien : https://www.madaniya.info/2018/02/02/europe-islam-djihad-pour-une-poignee-de-petrodollars-l-europe-a-vendu-son-ame-1-2/

L’Arabie a transféré aux autorités locales la gestion de ses centres. La mesure la plus emblématique a été la renonciation à la gestion directe de la Grande Mosquée de Bruxelles, la plus grande de Belgique, que le ministère saoudien gérait directement depuis 1969.

VII – Les conclusions du rapport

A- La légitimité du prince héritier

Face à la légitimité religieuse, au départ indispensable à l’accession au pouvoir de tout monarque saoudien, MBS s’est employé à susciter de nouvelles formes de légitimité fondée sur la compétence et la performance, en vue de compenser le faible soutien dont il bénéficie de la part des instances religieuses, le maillon le plus faible des instances de légitimation du prince héritier saoudien.

Le fait de restreindre la liberté de mouvement du pouvoir religieux et de son bras armé, la police religieuse, va néanmoins fragiliser la protection de la population contre toute interférence externe en ce que l’instance religieuse servait traditionnellement de rempart à toute sorte d’ingérence, notamment l’attraction terroriste, qui pourrait constituer un risque sur MBC en jouant le jeu des instances religieuses.

Il n’est pas indifférent de noter à ce propos que DAECH observe avec la plus attention la politique de MBS, guettant avec impatience l’échec du prince héritier saoudien et, corrélativement, le retournement de la situation en faveur des conservateurs.

Pour compenser la perte de légitimité des instances religieuses, MBS a renforcé la légitimité des princes de la nouvelle génération au détriment de la vieille garde de la famille royale.

  • Autre mesure, le renforcement de la légitimité de la compétence et de la performance au détriment des rentiers.

En l’absence de tout sondage possible, il paraît plausible de répartir les forces en présence selon le schéma suivant: Les princes qui pouvaient se poser en rivaux de MBS et qui ont été jugés pour corruption sont très en colère contre MBS; Une fraction des jeunes princes lui est favorable; La troisième fraction observe un mutisme attentiste.

Le Courant Salafiste.

MBS lui a déclaré la guerre. Une fraction a été emprisonnée, une autre a fui le Royaume. Ceux qui sont demeurés sur place gardent le silence et vivent dans la crainte de représailles.

  • Le courant salafiste officiel, constitué par des prédicateurs officiels rétribués par l’administration, est, quant à lui, favorable au pouvoir, tout en étant critique à l’égard de la politique de libéralisation menée par MBS, notamment la libéralisation de la femme (conduite automobile), la consolidation du libéralisme économique et la soumission à l’Occident.
  • Les Hommes d’affaires, les propriétaires fonciers et les grands commerçants, particulièrement affectés par les transformations économiques imposées par MBS, notamment son projet NEOM 2030, de même que l’imposition de nouvelles taxes, sont d’autant plus critiques à l’égard de ce projet futuriste que ce programme a conduit à la faillite de nombreuses firmes.

NDLR : NEOM est un projet de ville futuriste située au Nord-Ouest de l’Arabie saoudite, à proximité de la frontière avec la Jordanie et l’Égypte. Le nom Neom est une association de neo (nouveau en grec) et M pour Mostaqbal (futur en arabe).

En plein cœur du désert, ce projet pharaonique a pour vocation de constituer une «Silicon Valley du désert». Il aurait une superficie de 26.000 km2 et coûterait plus de 500 milliards de dollars. La direction du projet est confiée à Klaus Kleinfeld, membre du groupe Bilderberg. La première partie des travaux devrait être achevée en 2025.
Fin de la note.

-Les hauts fonctionnaires civils et militaires, affectés par l’absence de promotion et la suppression des indemnités en tous genres, se rangent du côté des mécontents et des critiques.

La jeunesse: MBS a fait le pari de la jeunesse. Les jeunes ont obtenu des avantages en contrepartie de leur adhésion à sa politique.

Toutefois la grande majorité de la jeunesse, affectée par la politique d’ouverture économique, continue de parier sur le prince héritier dans l’espoir qu’ils bénéficient davantage de son attention, en réduisant, par exemple, les subventions qu’il octroie aux pays étrangers.

La gente féminine, particulièrement les mères de famille, sont mécontentes du prince héritier, alors que les jeunes filles, célibataires, lui sont favorables.

B- Le prince héritier est-il plus proche de succéder à son père ou le contraire?

«La réponse est affirmative. Trois facteurs jouent en sa faveur: le système monarchique, le noyau dur de la société saoudienne (le tribalisme, le pouvoir religieux et l’establishment militaire), enfin la légalité internationale qui s’est manifestée particulièrement par le soutien public manifesté par Donald Trump à MBS, notamment lors de l’affaire Jamal Khashoggi. Et par son successeur Joe Biden à la faveur de la crainte d’une pénurie énergétique consécutive à la guerre d’Ukraine.

Si MBS tire sa légitimité, sur le plan interne, de son père, le Roi Salmane, il la tire, sur le plan international, du président américain. «Dans une telle conjoncture, le Prince héritier est plus proche de succéder au trône de son père le Roi que quiconque, sauf retournement de la situation soit au niveau du Roi ou du soutien extérieur.

C- Dévier vers le Qatar les accusations pesant sur le Royaume concernant le terrorisme et l’extrémisme, en pointant du doigt le soutien de Doha aux groupements islamistes tant en Syrie, qu’à Gaza, qu’en Somalie.

D- Tirer profit des besoins de l’économie mondiale de l’Arabie saoudite, de ses ressources énergétiques et financières notamment, particulièrement après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, en amplifiant son ouverture vers les nouvelles puissances asiatiques Inde et Chine.

E- Les facteurs de faiblesse.

«La faiblesse du soutien international à la guerre du Yémen. Le maintien de Sana’a sous l’autorité des adversaires des Saoudiens, les Houthistes peut se révéler sans conséquence sur le court terme.

Il en va tout autrement en cas de persistance de cette situation, en l’absence du renouvellement du discours politique saoudien sur ce conflit de même que le mutisme observé par Ryad concernant la délimitation des frontières entre l’Arabie saoudite et le Yémen. Le temps ne joue pas en faveur du Prince héritier saoudien. La persistance de la guerre du Yémen porte atteinte à son image du Prince héritier et à celle du Royaume. Un fait qui pourrait conduire la communauté internationale à envisager des scénarios post guerre du Yémen.

«L’arbitraire dont le prince est accusé constitue un lourd handicap pour sa personne. Les pays occidentaux font porter à MBS la responsabilité principale de la poursuite de la politique autocratique, jugeant que sa position comme étant d’une «grande fragilité» et qu’il lui incombe donc de faire des concessions pour que les occidentaux modifient leur comportement à son égard. Un objectif d’autant plus difficile à atteindre que le prince héritier a perdu de sa marge de manœuvre.

F – La consolidation du pouvoir du Prince héritier

«MBS a veillé à consolider son pouvoir en accentuant son emprise sur la société saoudienne via l’appareil sécuritaire, en privilégiant la légitimité de l’expertise, fondée sur la compétence et la performance, par la promotion aux postes de responsabilité selon le mérite et non selon le piston ou le copinage.

«Bénéficiant du soutien direct de son père le Roi, le prince héritier a cherché à renforcer sa légitimité, sur le plan interne, en accentuant la répression de toute contestation, procédant pour ce faire à une modification radicale de la structure du pouvoir en vue d’annihiler toute contestation

G – L’émergence de l’État Profond ou de l’État parallèle dans le domaine sécuritaire.

«Le roi Salmane a procédé, au cours de la 2me année de son règne, en 2016, à une refonte globale de l’appareil sécuritaire, la plus importante réforme de l’histoire du Royaume.

«Il a ordonné le démantèlement du ministère de l’intérieur et son remplacement par deux instances – l’Office de la Sécurité de l’État et le Centre de la Sécurité Nationale, en leur conférant les pleins pouvoirs concernant la sécurité du pays, avec leur rattachement à l’autorité directe du Prince héritier, qui concentre ainsi tous les pouvoirs dans le domaine de la sécurité nationale du Royaume.

«Dans une démonstration de force visant à impressionner la population et à intimider l’opposition, un détachement des forces de sécurité- dénommé «le peloton du sabre tranchant»,–sous l’autorité de Saoud Al Qahtani, chargé des basses œuvres de MBS, qui s’est distingué dans l’équarrissage de Jamal Khashoggi– , a procédé à l’arrestation publique de onze princes en vue de leur incarcération à la prison Al Haer, prison de très haute sécurité saoudienne et qui abrite aurait un certain nombre de figures d’Al-Qaïda.

«Lors de cette action d’éclat du prince héritier, la première d’une telle ampleur depuis la fondation du Royaume, le prince Turki Ben Mohamad Al Kabir, vice ministre des Affaires étrangères, a été incarcéré, accusé de «haute trahison» pour avoir pris contact avec des diplomates et des journalistes étrangers leur livrant son pronostic sur la dévolution du pouvoir à la mort du Roi Salmane.

H – Le développement de l’espionnage électronique des opposants, dans une structure dotée de pleins pouvoirs.

«Placé sous la tutelle de l’«Office National de la Sécurité Cybernétique», le nouveau dispositif s’est appliqué à surveiller méthodiquement les diverses branches de la famille royale, ainsi que les opposants vivant à l’intérieur du Royaume qu’à l’étranger, sans la moindre limitation de leurs activités sur le plan légal. Cette évolution s’est accompagnée de mesures incitatives visant à encourager la délation, favorisant une prolifération des «indics» dans les diverses franges de la population.

I – MBS: un Roi effectif

«En 2019, correspondant à la 4eme année du règne de Salmane, son fils MBS a commencé à se comporter comme le Roi effectif, imposant une modification du protocole royal.

«MBS a ainsi accueilli personnellement à l’aéroport de Ryad le président égyptien Abdel Fattah Al Sissi. Il a déjeuné avec la Reine Elizabeth II au palais de Buckingham, de même qu’il a été convié à un dîner officiel à la Maison Blanche, une réception au cours de laquelle le président Donald Trump s’est publiquement félicité du choix du Roi Salmane d’avoir choisi son fils MBS comme prince héritier.

J – La nouvelle doctrine de la monarchie saoudienne: L’Islam Modéré.

«MBS a développé une nouvelle idéologie, théorisée sous la formule de «l’Islam modéré», fondatrice de la nouvelle identité nationale saoudienne, en substitut au rigorisme wahhabite.

La nouvelle idéologie saoudienne s’est traduite par une politique étrangère plus offensive, pointant l’IRAN COMME ENNEMI ET PRINCIPAL MENACE pesant sur le Royaume, le glissement de la TURQUIE d’AMI à ENNEMI POTENTIEL, enfin la RECONNAISSANCE DU DROIT D’ISRAËL À l’EXISTENCE.
Pour aller plus loin sur ce thème

https://www.madaniya.info/2015/08/15/vers-une-revision-des-priorites-saoudiennes-en-matiere-de-designation-de-l-ennemi-principal-l-iran-ou-daech/

K- Le«triangle du Mal» ou la clarification de la position du Royaume vis à vis de la Confrérie des Frères Musulmans.

«MBS a définitivement tranché sa relation avec les Frères Musulmans, les accusant ouvertement d’avoir infiltré les médias saoudiens de même que le secteur de l’Éducation, promettant de les anéantir.

A cette occasion, il a développé une nouvelle théorie intitulée «le triangle du Mal» constitué des OTTOMANS, de l’IRAN et des GROUPEMENTS TERRORISTES, accusant la confrérie des Frères Musulmans d’avoir servi d’incubateur au terrorisme.

L’appareil sécuritaire d’état saoudien considère que le terrorisme contemporain est un pur produit de l’idéologie confrérique.

L – L’allégeance personnelle: Le critère absolu

La nomination du Prince Abdallah Ben Bandar, le propre fils du Prince Bandar Ben Sultan, l’ancien chef de la légion islamique de la guerre de Syrie, au poste de ministre de la Garde nationale, a parachevé la mainmise complète du Prince héritier saoudien sur la plus importante institution chargée de la sécurité intérieure du Royaume, en ce que la Garde nationale, qui passe pour être la garde prétorienne du trône wahhabite, abrite en son sein les fils des plus importantes tribus du Royaume et que cette mainmise a permis à MBS de neutraliser toute opposition substantielle à son exercice solitaire du pouvoir.

La nomination du prince Abdallah Ben Bandar à ce poste névralgique a permis d’écarter définitivement son prédécesseur le prince Mout’ab Ben Abdallah, fils de l’ancien Roi Abdallah, le véritable fondateur de la garde nationale saoudienne. MBS maîtrise désormais l’ensemble des rouages de l’État, sans concurrence.

M – Le décès du Prince Talal ben Abdel Aziz

Le décès en 2018 du Prince Talal Ben Abdel Aziz (87 ans), fils du fondateur de la dynastie wahhabite et frère du Roi Salmane, a marqué la disparition de l’ultime opposant historique au sein de la famille royale, en ce que le père du milliardaire Walid Ben Talal , qui avait dirigé à l’apogée du Nassérisme «le Mouvement des Princes Rouges», est reconnu pour sa position libérale, luttant pour une constitution nationale, la pleine primauté du droit et l’égalité devant la loi.

Le décès du Prince Talal a réduit les chances de son fils Walid d’accéder au trône, d’autant plus que MBS l’a lesté d’une part de sa fortune après son incarcération au Ritz Carlton. Prudent, MBS l’a assigné à résidence en Arabie, le privant de voyage à l’étranger, réduisant sa marge de manœuvre auprès des décideurs internationaux.

Pragmatique, Walid Ben Talal a fait mine de faire allégeance à son cousin MBS, en apparence, mais demeure une source de suspicion pour le Prince héritier.

Le troisième volet de ce rapport portera sur les relations ambivalentes des Émirats Arabes Unis et de l’Arabie Saoudite dans la guerre du Yémen, dont ils ont été les principaux initiateurs.

Références: ci-joint le lien de la version arabe du rapport

Illustration

Une image de synthèse de la ville appelée « The Line », fournie par l’entreprise saoudienne Neom le 26 juillet 2022. (NEOM / AFP)

René Naba

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l'AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l'information, membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme et de l'Association d'amitié euro-arabe. Auteur de "L'Arabie saoudite, un royaume des ténèbres" (Golias), "Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français" (Harmattan), "Hariri, de père en fils, hommes d'affaires, premiers ministres (Harmattan), "Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David" (Bachari), "Média et Démocratie, la captation de l'imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l'Association d'amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Emissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

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