Liban 2005-2015: d’une «révolution» colorée à l'autre

Liban 2005-2015: d’une «révolution» colorée à l'autre 938 440 Ahmed Bensaada

Dernière mise à jour le 5 février 2024

En 2011, en pleine effervescence sur la place Tahrir, on questionna Srdja Popovic sur les activités de formations révolutionnaires de centre CANVAS (Center for Applied Non Violent Action and Strategies) qu’il dirige à Belgrade.

Il s’empressa de répondre, non sans une petite pointe de fierté :

«Nous travaillons avec 37 pays. Après la révolution serbe, nous avons eu cinq succès: en Géorgie, en Ukraine, au Liban et aux Maldives».

Dans son empressement, il avait juste oublié de mentionner le cinquième pays : le Kirghizstan.

Il ne se priva pas d’ajouter :

«Et maintenant l’Égypte, la Tunisie et la liste va s’allonger. Nous n’avons aucune idée du nombre de pays où le poing d’Otpor a été utilisé, probablement une douzaine» [1].

Cette déclaration n’est pas anodine.

Elle exprime l’évidente relation entre les révolutions colorées et les différents mouvements de contestation qui ont touché le Moyen-Orient, jusqu’au mal nommé «printemps» arabe.

Pour le lecteur hispanophone :

Version italienne :

Les références bibliographiques figurent en bas du texte.

Liban 2005-2015: d’une «révolution» colorée à l’autre

Ces révolutions, qui doivent leur dénomination aux noms avec lesquels elles ont été baptisées (rose, orange, tulipe, etc.), sont des révoltes qui ont bouleversé certains pays de l’Est ou ex-Républiques soviétiques au début du 21e siècle.

C’est le cas de Serbie (2000), de la Géorgie (2003), de l’Ukraine (2004) et du Kirghizstan (2005).

Plusieurs mouvements ont été mis en place pour conduire ces révoltes: Otpor («Résistance») en Serbie, Kmara («C’est assez!») en Géorgie, Pora («C’est l’heure») en Ukraine et KelKel («Renaissance») au Kirghizistan. Le premier d’entre eux, Otpor, est celui qui a causé la chute du régime serbe de Slobodan Miloševic.

Après ce succès, Popovic (un des fondateurs d’Otpor) a créé CANVAS avec l’aide des activistes du mouvement serbe.

1 – Les révolutions colorées

Comme indiqué par Popovic, ce centre a aidé, conseillé et formé tous les autres mouvements subséquents. CANVAS a formé des dissidents en herbe à travers le monde, et en particulier dans le monde arabe, à l’application de la résistance individuelle non violente, idéologie théorisée par le philosophe et politologue américain Gene Sharp dont l’ouvrage «From Dictatorship to Democracy» (De la dictature à la démocratie) a été à la base de toutes les révolutions colorées et du «printemps» arabe [2].

Aussi bien CANVAS que les différents mouvements dissidents des pays de l’Est ou des ex-Républiques soviétiques ont bénéficié de l’aide de nombreuses organisations américaines d’«exportation» de la démocratie comme l’USAID (United States Agency for International Development), la NED (National Endowment for Democracy), l’IRI (International Republican Institute), le NDI (National Democratic Institute for International Affairs), Freedom House et l’OSI (Open Society Institute).

Ces organismes sont financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains. À titre d’exemple, la NED est financée par un budget voté par le Congrès et les fonds sont gérés par un conseil d’administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de commerce des États-Unis et le syndicat American Federation of Labor-Congress of Industrial Organization (AFL-CIO), alors que l’OSI fait partie de la Fondation Soros, du nom de son fondateur George Soros, le milliardaire américain, illustre spéculateur financier [3].

Il a été montré que ces mêmes organismes ont aidé, formé et réseauté les cyberdissidents arabes impliqués dans le fameux «printemps» qui a balayé leurs pays [4]. On retrouve aussi les «empreintes» de ces organismes dans les évènements de Téhéran (Révolution verte-2009) [5], de l’Euromaïdan (Ukraine -2013/2014) [6] et, un peu plus récemment, à Hong Kong (révolution des parapluies – 2014) [7].

2 – La révolution du Cèdre: Elie Khoury, Samir Kassir, Samir Frangieh, Nora Joumblatt, Asma Andraos, Michel Elefteriades.

Selon certains, le plus grand succès de CANVAS dans la région MENA (Middle East and North Africa) est certainement le Liban (Révolution du Cèdre – 2005) et son plus grand échec, l’Iran [8]. C’est ce qui explique pourquoi Popovic avait fièrement mentionné le Liban comme un trophée dans son tableau de chasse «révolutionnaire» et ne pipa aucun mot sur l’Iran. La révolution du Cèdre a été un prélude au «printemps» arabe et, ainsi, le premier pays arabe à connaître cette saison» fut le Liban. Cette série de manifestations admirablement bien orchestrées au début de l’année 2005 revendiquait, entre autres, le retrait des troupes syriennes après l’assassinat, le 14 février 2005, du Premier ministre libanais de l’époque, Rafiq Hariri.

Néanmoins, Sharmine Narwani explique, dans un article détaillé sur le sujet, que cette «révolution» avait été planifiée environ un an avant la mort de Hariri. La cellule de décision comprenait un noyau d’activistes formé par un trio d’amis: Elie Khoury, un expert en communication et marketing chez Quantum et Saatchi & Saatchi, Samir Kassir, un essayiste qui dirigeait le Mouvement de la gauche démocratique (MGD) formé en septembre 2004 et le journaliste Samir Frangieh [9].

Ajoutons à cela les noms d’autres activistes qui ont joué un important rôle: Nora Joumblatt (l’épouse du leader druze, Walid Joumblatt), Asma Andraous (membre du groupe 05AMAM, créé après le 14 février 2005), Gebran Tueni (à l’époque, directeur du journal An-Nahar) et Michel Elefteriades (musicien, producteur et homme d’affaires gréco-libanais).

L’étroite relation entre les activistes de la révolution du Cèdre et les organismes américains de promotion de la démocratie a souvent été mentionnée. En effet, le New York Post a rapporté (en 2005) que, selon des sources du renseignement américain, la CIA et d’autres services de renseignement européens ont donné de l’argent ainsi que du soutien logistique aux organisateurs des manifestations anti-syriennes pour accroître la pression sur le président syrien Bachar Al-Assad et afin de le contraindre à quitter complètement le Liban.

Selon ces sources, ce programme secret était similaire à ceux que la CIA avait précédemment mis en place pour aider les mouvements pro-démocratiques en Géorgie et en Ukraine et qui avaient également mené à des manifestations pacifiques impressionnantes [10].

Certains activistes, comme Bassem Chit (décédé en 2014), ont reconnu avoir été contactés par Freedom House dans le but de «financer des mouvements de jeunesse pour aider au processus de démocratisation». Selon Bassem Chit, Jeffrey Feltman, l’ambassadeur américain à l’époque, a invité un grand nombre de dirigeants du mouvement anti-syrien à des dîners et ce, durant la révolution du Cèdre. Il affirme aussi que l’ambassade américaine a également été directement impliquée dans la fomentation des manifestations anti-syriennes [11].

Sharmine Narwani précise dans son article précédemment cité que Gebran Tueni était en contact avec Frances Abouzeid, directrice de Freedom House à Amman (Jordanie). C’est sur ses conseils que Tueni a fait venir les formateurs de CANVAS à Beyrouth. Il est important de noter que Freedom House est le principal bailleur de fonds du centre de formation serbe.

3 – L’entretien de Michel Eleftériades et de Gébrane Tueni

Les serbes de CANVAS ont formé les activistes libanais en utilisant les locaux du journal An Nahar. Ivan Marovic, le cofondateur de CANVAS, avait lui-même assuré des cours de formation à la résistance non-violente. Michel Elefteriades a rencontré Ivan Marovic et ses collègues bien avant le 14 mars 2005 : «Gebran Tueni m’a appelé et il m’a dit que je devrais donner un coup de main à un groupe de Serbes qui venaient nous aider.….Ils avaient l’air hyper-professionnels par rapport à ce qu’ils voulaient faire. Je voyais leur influence dans tout ce qui se passait. C’étaient des spécialistes des révolutions de couleur». Et d’ajouter : «Puis ils ont commencé à nous dire ce qu’il fallait faire ou non. Je les accompagnais à des réunions avec les médias – rien que des médias internationaux – et ils coordonnaient les choses avec eux. Ils se connaissaient tous très bien […]. Ils nous ont donné une liste de slogans qui devaient être diffusés par les télévisions occidentales. Ils nous ont dit, à nous et aux journalistes occidentaux, où mettre les banderoles, quand les brandir en l’air, et même la taille qu’elles devaient avoir. Par exemple, ils demandaient aux journalistes de les prévenir des créneaux horaires où ils allaient passer, puis ils nous disaient de régler nos montres et de brandir nos pancartes juste à 15h05, en fonction du moment où les chaînes télévisées retransmettaient en direct depuis Beyrouth. C’était une mise en scène totale» [12]. De son côté, Asma Andraous affirme que «toutes les organisations américaines pour la démocratie étaient là. Ils ont appris aux jeunes comment mobiliser, comment garder les militants occupés, ils étaient très enthousiastes» [13].

Certains activistes ont déclaré s’être éloignés ou avoir gardé leurs distances vis-à-vis des organismes américains ou proaméricains de promotion de la démocratie. C’est le cas de Michel Elefteriades qui aurait refusé de continuer à travailler avec les formateurs de Canvas ou de Bassem Chit qui aurait décliné les généreuses offres de Freedom House. D’autres ont essayé de minimiser le rôle de ces organismes ou de prétendre qu’ils ne soient intervenus que tardivement [14].

Néanmoins, le modus operandi de la révolution du Cèdre suit minutieusement le procédurier des révolutions colorées orchestrées par CANVAS. Parmi les 199 méthodes d’actions non violentes listées dans le manuel de CANVAS (distribué gratuitement sur Internet), on peut citer, par exemple, celle qui porte le n°33: «La fraternisation avec l’ennemi» qui s’exprime sur le terrain par la distribution de fleurs aux forces de l’ordre (en général par le biais de jeunes et jolies jeunes filles) [15]. Cette méthode a été observée dans toutes les révolutions colorées, dans les pays arabes «printanisés» ainsi que dans les rues de Hong Kong, lors de la révolution des parapluies [16].

D’autre part, Aleksandar Maric, l’ex-activiste d’Otpor et formateur de CANVAS n’a-t-il pas déclaré que son organisation avait établi des contacts avec les dissidents libanais et ce, avant la révolution du Cèdre [17] ? Cette précision a le mérite de corroborer les dires de Sharmine Narwani sur la planification de la «révolution» bien avant l’assassinat de Hariri. En outre, tout le monde aura remarqué que le «Mouvement du 14 Mars», coalition de forces opposées à la Syrie créée après le meurtre du Premier ministre libanais, a choisi comme logo le poing d’Otpor légèrement modifié par l’ajout d’une branche verte.

Rappelons que le poing d’Otpor a été largement utilisé lors des différentes révolutions colorées et des manifestations qui ont accompagné le «printemps» arabe [18].

Il est curieux de savoir que la dénomination «révolution du Cèdre» n’est pas celle qui a été utilisée à l’origine par les activistes libanais. Les contestataires avaient plutôt opté pour «intifada de l’indépendance», «intifada du Cèdre», «printemps du Liban» ou «printemps du Cèdre».

Michel Elefteriades raconte que le mot «intifada», qui fait allusion aux révoltes palestiniennes, ne plaisait pas aux spécialistes de CANVAS: «Dès le premier jour, ils me dirent que nous ne devions pas l’appeler notre mouvement ‘l’intifada du Cèdre’, parce qu’on n’allait pas aimer le mot intifada en Occident. Ils disaient que l’opinion arabe n’était pas importante, que ce qui comptait c’était l’opinion occidentale. Alors, ils ont dit aux journalistes de ne pas utiliser le mot intifada» [19].

En fait, l’expression «révolution du Cèdre» était plus agréable aux oreilles de l’administration Bush. Selon le journaliste Jefferson Morley du Washington Post, cette appellation a été inventée par Paula J. Dobriansky, la sous-secrétaire d’État à la démocratie et aux affaires internationales (2001-2009) sous les administrations Bush fils. Vantant la politique étrangère du président Bush lors d’une conférence de presse tenue le 28 février 2005, elle a déclaré: «Au Liban, nous voyons un élan grandissant pour une Révolution du Cèdre qui unifie les citoyens de cette nation à la cause de la vraie démocratie et la liberté de l’influence étrangère. Des signes d’espoir couvrent le monde entier et il devrait y avoir aucun doute que les années à venir seront grandes pour la cause de la liberté» [20].

Cette similitude entre l’appréciation de CANVAS et celle de l’administration américaine prouve (une fois de plus) une évidente concertation étant donné que le centre de formation serbe est essentiellement financé par les organisations américaines d’«exportation» de la démocratie, en particulier Freedom House, l’IRI et l’OSI [21].

Il faut signaler que Paula J. Dobriansky est non seulement membre du CA de Freedom House mais aussi titulaire de la Chaire de Sécurité nationale à l’U.S. Naval Academy. Elle est également membre fondatrice du think tank néoconservateur (néocon) «Project for the New American Century» (PNAC) qui a eu une influence considérable sur l’administration Bush fils. Son nom figure parmi les 75 signataires d’une lettre envoyée en août 2013 au président Obama, lui recommandant d’attaquer la Syrie de «Bachar» en l’exhortant de «répondre de manière décisive en imposant des mesures ayant des conséquences significatives sur le régime d’Assad» [22].

On retrouve le nom d’Elie Khoury dans la liste des invités à une conférence internationale sur la «Démocratie et la sécurité» qui s’est tenue à Prague (République Tchèque), du 5 au 6 juin 2007. Cette rencontre a regroupé de nombreuses célébrités dans les domaines de la dissidence, de l’espionnage, de la politique et de la sphère académique. Citons, pêle-mêle, l’ancien Président tchèque Vaclav Havel, l’ancien Premier ministre d’Espagne, Jose María Aznar, le sénateur américain, Joseph Lieberman, l’ancien directeur de Freedom House, Peter Ackerman, l’égérie de la révolution orange et ancienne Premier ministre de l’Ukraine, Ioulia Timochenko ou le «néocon» Joshua Muravchik, lui aussi membre du PNAC [23]. Dans cette conférence, Khoury a également côtoyé l’activiste égyptien Saad Eddin Ibrahim, le dissident soviétique (actuellement israélien), anticommuniste et sioniste Natan Sharansky et l’opposant russe Gary Kasparov.

Saad Eddin Ibrahim est le fondateur du l’«Ibn Khaldoun Center for Development Studies», ONG très généreusement subventionnée par la NED. Honoré par Freedom House, cet ancien professeur de l’université américaine du Caire a déjà été membre du conseil consultatif du «Project on Middle East Democracy» (POMED), un organisme américain qui travaille de concert avec Freedom House et qui est financièrement soutenu par la NED [24]. Mais ce qui attire l’attention dans cette liste, c’est le très grand nombre de participants de premier plan en provenance d’Israël dont l’ambassadeur de cet état en république tchèque Arie Arazi et son homolgue tchèque Michael Zantovsky, le responsable des affaires économiques de l’ambassade d’Israël aux États-Unis, Ron Dermer ainsi que de nombreux universitaires israéliens.

Néanmoins, le clou de la conférence a été, sans conteste, la présence du président G.W. Bush qui profita de l’occasion pour faire un discours sur la liberté, la démocratie, la dissidence et l’activisme politique [25]. La conférence a été organisée par le «Prague Security Studies Institute» (PSSI) et l’«Adelson Institute for Strategic Studies» [26]. Financé, entre autres, par l’OSI, le PSSI compte dans son conseil consultatif James Woolsey, l’ancien directeur de la CIA (et ancien président du CA de Freedom House) et Madeleine Albright, la 64e Secrétaire d’état américaine et, accessoirement, présidente du CA de la NDI [27].

4 – The Adelson Institute

L’«Adelson Institute for Strategic Studies» est un institut de recherche créé par un généreux don de l’«Adelson Family Foundation» (Miriam and Sheldon G. Adelson).

Il est dédié «à l’exploration des défis mondiaux auxquels Israël et l’Occident font face» et à l’étude de sujets tels que ceux qui sont reliés à l’avancement de la liberté et de la démocratie au Moyen-Orient [28]. Mentionnons que Sheldon G. Adelson est un milliardaire américain d’origine juive ukrainienne (comme Natan Sharansky).

Considéré comme un des plus grands mécènes de l’État d’Israël, il finance, à coup de millions de dollars, des voyages de juifs en Israël dans le but de resserrer les liens entre Israël et la diaspora [29].

En effet, la mission primaire de sa fondation tient en une seule ligne:«Renforcer l’Etat d’Israël et le peuple juif» [30]. Selon le journaliste Nathan Guttman, l’idéologie de Sheldon G. Adelson est un mélange de soutien au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, de sympathie pour le mouvement des colons et d’hostilité envers l’Autorité palestinienne [31].

5 – Elie Khoury

Comment se fait-il qu’Elie Khoury se retrouve dans une conférence aussi prestigieuse, regroupant des présidents, des Premiers ministres, des ambassadeurs, des faucons «néocons», d’illustres dissidents et un club select d’officiels israéliens? Serait-ce pour le remercier pour son rôle proactif dans la révolution du Cèdre? En fait, Elie Khoury n’est pas un inconnu pour l’administration américaine. Le câble Wikileaks «06Beirut1544_a» nous apprend qu’environ un an avant cette conférence, il était invité à un dîner organisé par l’ambassadeur américain à l’occasion de la visite de Kristen Silverberg, secrétaire d’État adjoint aux organisations internationales.

Jeffrey Feltman identifie Khoury comme directeur général de Saatchi & Saatchi (une compagnie publicitaire) et le décrit comme «un stratège de la publicité et un expert créatif» qui a contribué au «branding» de la révolution du Cèdre [32]. En réalité, le rôle de cette compagnie a été tellement important, que certains n’hésitent pas à qualifier la révolution du Cèdre de «révolution Saatchi» [33] ou même, en tenant compte de l’implication des organisations américaines, de «révolution parrainée par l’USAID et Saatchi & Saatchi» [34]. Et ce n’est pas tout.

Elie Khoury est cofondateur de la «Lebanon Renaissance Foundation» (LRF), une ONG établie en 2007 à Washington qui se définit comme «un organisme éducatif indépendant, non gouvernemental et non-sectaire dont les fondateurs ont été impliqués à travers leurs propres activités professionnelles dans la promotion de la pratique de la non-violence et de l’activisme démocratique» [35]. On retrouve ainsi, dans cette description, des termes chers aux «prophètes» des révolutions colorées, Srdja Popovic et Gene Sharp.

Cette fondation est une «organisation qui reçoit une partie substantielle de son soutien d’une unité gouvernementale [américaine] ou du grand public » [36]. Après avoir essentiellement reçu des fonds gouvernementaux américains, elle finance, à son tour, différents programmes ou organisations domiciliées au Liban.

Citons, par exemple, le «Sustainable Democracy Center», ONG libanaise qui a été financée (entre autres) par l’USAID et la NED (2003 et 2005) [37], ou l’ONG MARCH qui, elle aussi, reçoit directement ou indirectement des subventions provenant de plusieurs organisations pro-démocratie américaines (NED, USAID, etc.). Plus de détails seront donnés sur ces deux ONG libanaises dans la section suivante.

Selon son rapport d’impôt 2013 [38], LRF a financé le «Lebanese Advocacy and Legal Advice Center» (LALAC), un organisme de lutte contre la corruption qui reçoit aussi des fonds du «Center for International Private Enterprise» (CIPE) [39], un des 4 satellites de la NED [40]. Il faut savoir que le centre LALAC est une initiative du «Lebanese Transparency Association» (LTA), une ONG libanaise fondée en 1999 et qui est subventionnée par le CIPE, le NDI, le MEPI et l’OSI [41]. Le MEPI (Middle East Partnership Initiative) est un programme qui dépend directement du Département d’État des États-Unis, par l’intermédiaire du Bureau des Affaires du Proche-Orient [42].

Finalement, il est important de mentionner que Samir Kassir et Gebran Tueni n’ont malheureusement pas eu l’opportunité de participer au dîner de l’ambassadeur Feltman, ni à la conférence internationale sur la «Démocratie et la sécurité»: ils ont été assassinés, respectivement, le 2 juin 2005 et le 12 décembre 2005.

6 – Beyrouth et la Ligue arabe du Net

Comme dans le cas de l’Ukraine après la révolution orange [43], les organisations américaines d’«exportation» de la démocratie n’ont pas quitté le Liban après la révolution du Cèdre, bien au contraire. Les rapports de la NED montrent, qu’entre 2005 et 2014, cet organisme a distribué plus 7 millions de dollars aux ONG libanaises. Entre 2005 et 2012, le NDI a reçu à lui tout seul plus de 2 millions de dollars pour financer ses activités au Liban.

La formation et le réseautage des cyberactivistes arabes a conduit à la création de ce que le journaliste français Pierre Boisselet a nommé la «ligue arabe du Net» [44]. De nombreuses rencontres entre les activistes-blogueurs arabes ont été organisées avant et après le «printemps» arabe. Les deux premiers «Arab Bloggers Meeting» ont eu lieu à Beyrouth. Le premier (du 22 au 24 août 2008) a réuni 29 blogueurs provenant de 9 pays arabes (Liban, Égypte, Tunisie, Maroc, Arabie Saoudite, Bahrein, Palestine, Irak et Syrie) [45].

Lors du second meeting, qui s’y est déroulé du 8 au 12 décembre 2009, le nombre de cyberactivistes arabes a dépassé les 60 [46]. S’y sont rencontrés les «vedettes» arabes du Net : les Tunisiens Sami Ben Gharbia, Slim Ammamou et Lina Ben Mhenni, les Égyptiens Alaa Abdelfattah et Wael Abbas, le Mauritanien Nasser Weddady, le Bahreïni Ali Abdulemam, le Marocain Hisham AlMiraat (alias Khribchi), le soudanais Amir Ahmad Nasr, la syrienne Razan Ghazzaoui, etc [47].

Bien que les deux meetings aient été organisés par le «Heinrich Böll Stiftung» [48], l’OSI de Soros a cofinancé le second [49]. À noter l’intéressante participation aux ateliers de formation de l’«illustre» Jacob Appelbaum dans la seconde édition (2009). Sa présentation traitait de contournement, de sécurité et d’anonymat en ligne [50]. Pour les non-initiés, Jacob Appelbaum est un «hacktivist» qui représente la face publique de l’entreprise américaine qui développe TOR, un logiciel qui permet la navigation anonyme sur Internet et, ainsi facilite le contournement de la surveillance et de la censure étatiques. Appelbaum voyage à longueur d’année pour rencontrer des cyberdissidents à travers le monde et leur montrer comment utiliser gratuitement le produit TOR. Pour avoir une idée de l’utilisation du programme TOR, il faut savoir qu’il a été téléchargé plus de 36 millions de fois au cours de l’année 2010 seulement [51].

7 – La révolution des « ordures »

La série de manifestations qui a eu lieu au Liban durant l’été 2015 a été baptisée «crise des déchets» par certains, révolution des «ordures» ou des «poubelles» par d’autres. Elle s’est déclenchée à la suite d’un problème de ramassage et de gestion d’ordures, mais les revendications des manifestants ont rapidement viré à la contestation du gouvernement et à la dénonciation de la corruption et de la faillite de l’État.

Le collectif citoyen créé dans la foulée de ces manifestations a été baptisé «Vous puez !» (Tal3at Rihatkom, en arabe). Ce nom court et percutant correspond merveilleusement bien aux méthodes préconisées par CANVAS. Il s’inscrit dans la même veine que le «Otpor» serbe (Résistance), le «Kmara» géorgien (C’est assez!) ou le «Pora» ukrainien (C’est l’heure). Parmi les leaders les plus médiatisés de ce mouvement de contestation, on peut citer Imad Bazzi, Marwan Maalouf, Assaad Thebian et Lucien Bourjeilly.

8 – Imad Bazzi

Imad Bazzi est un cyberactiviste libanais très impliqué dans la blogosphère arabe. Selon le chercheur Nicolas Dot-Pouillard, Bazzi a été proche des activistes d’Otpor et un fervent partisan du retrait syrien en 2005 [52]. Faisant partie lui aussi de la «ligue arabe du Net», il reconnait avoir étroitement travaillé avec les cyberdissidents syriens. «Il est normal que quelqu’un en Syrie veuille aider quelqu’un en Égypte, et que quelqu’un en Tunisie veuille aider quelqu’un au Yémen» a-t-il déclaré. «Nous partageons les mêmes problèmes, nous souffrons tous de la corruption locale, de l’absence de la règle de droit et l’absence de démocratie» [53].

Bazzi a participé à différentes conférences dédiées au cyberactivisme. Dans l’une d’entre elle (2010), il côtoya les cyberactivistes égyptiens du «Mouvement du 6 avril» qui ont joué un rôle indéniable dans la chute du président Moubarak (Bassem Samir, Israa Abdel Fattah,..) et dont les activités étaient financées par de nombreuses organisations américaines de promotion de la démocratie [54]. Cette conférence était co-sponsorisée par Google et Freedom House [55].

En 2011, l’université américaine de Beyrouth a organisé la 16e conférence annuelle de l’«Arab-US Association of Communication Educators» (AUSACE) [56]. Dans cette rencontre financée par l’OSI de Soros, Imad Bazzi était jumelé à Sami Ben Gharbia dans le même panel. Rappelons que Sami Ben Gharbia, cofondateur du site Nawaat, est un cyberactiviste tunisien de premier plan qui a été très impliqué dans la «printanisation» de la Tunisie [57].

Soulignons qu’Imad Bazzi a aussi été «program fellow» de Freedom House [58] et chef de projet du «Sustainable Democracy Center» cité précédemment [59]. Le 5 septembre 2011, soit quelques mois après la chute de Moubarak, Bazzi a été arrêté par la police égyptienne à l’aéroport du Caire. Il a déclaré à la fondation «Maharat» (une ONG libanaise financée par la NED qui milite pour les droits des journalistes [60]) qu’il s’y rendait pour travailler comme consultant pour une institution. Il a été détenu pendant plus de dix heures pendant lesquelles il fut questionné sur ses relations avec les cyberactivistes égyptiens comme Wael Abbas. Il a été par la suite expulsé vers Beyrouth [61].

Pour terminer le portrait, signalons qu’Imad Bazzi est membre du forum «Fikra», un forum créé par le lobby américain pro-israélien. Parmi les participants, on y trouve de nombreux cyberactivistes arabes, tels Bassem Samir, Israa Abdel Fattah ou Saad Eddin Ibrahim et les dissidents Syriens Radwan Ziadeh et Ausama Monajed (anciens membres du Conseil national syrien- CNS). Il va sans dire que tous ces «contributeurs» sont financés par les organismes américains d’«exportation» de la démocratie [62]. On y trouve aussi les noms de faucons «néocons» comme Joshua Muravchik (anciens collègues de Paula J. Dobriansky) et même celui du Dr. Josef Olmert, frère de l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert [63].

Marwan Maalouf est une des principales figures du mouvement «Vous puez ». Selon plusieurs observateurs, il aurait participé, en 2005, aux manifestations de la révolution du Cèdre au sein d’un mouvement estudiantin [64]. Par la suite, son parcours a été imprégné de militantisme «made in USA», jugez-en.

En effet, de 2008 à 2011, il a été administrateur de programme pour Freedom House à Washington, chargé de la région MENA, tout particulièrement de la Syrie, la Tunisie et l’Algérie. Il s’est ensuite installé en Tunisie (de 2012 à 2013) pour diriger l’«Institute for War and Peace Reporting»  IWPR) [65]. Cet institut qui«soutient les reporters locaux, les journalistes citoyens et des militants de la société civile» et contribue «à la paix et la bonne gouvernance en renforçant la capacité des médias et la société civile de prendre la parole» [66] est financé par plusieurs organismes dont la NED, l’USAID et le Département d’État (via l’ambassade des États-Unis à Tunis et le programme MEPI) [67].

Marwan Maalouf est cofondateur de l’institut de recherche «Menapolis» spécialisé dans la gouvernance et le développement dans la région MENA. Parmi ses «experts» figure le nom d’Imad Bazzi et, parmi ses clients, on trouve (bien entendu) l’IWPR, Freedom House et le MEPI [68]. Selon Martin Armstrong, journaliste britannique basé à Beyrouth, Assaad Thebian est le cofondateur et porte-parole du mouvement «Vous puez !» ainsi que le principal organisateur des manifestations actuelles [69].

9 – Assaad Thebian et le MEPI

Le profil «LinkedIn» d’Assaad Thebian montre qu’il fait partie du groupe (privé) des «anciens» du MEPI (chapitre du Liban) [70]. Sur la description de ce groupe, on peut lire: «MEPI, un programme du département d’Etat [américain], est actif dans toute la région. Le réseau des anciens comprend plus de 128 participants à des programmes de MEPI. Le réseau fournit une avenue pour les anciens élèves à poursuivre leurs efforts pour renforcer la société libanaise. MEPI se concentre sur quatre domaines distincts ou «piliers : la démocratie, l’éducation, l’économie et l’autonomisation des femmes. Le chapitre libanais du réseau des anciens comprend des individus de diverses origines qui ont participé à une série de programmes dans les quatre domaines. […] Avec le lancement du chapitre libanais du réseau des anciens, les différentes compétences que les individus ont acquises peuvent être utilisées pour permettre une participation active continue au Liban» [71].

Le 29 janvier 2014, l’association libanaise des «anciens» du MEPI a organisé un évènement à Beyrouth, en présence de l’ambassadeur étasunien au Liban, M. David Hale. Il s’agissait, à l’occasion du 10e anniversaire du MEPI, d’«honorer les réalisations exceptionnelles» de dix «anciens» du chapitre libanais. Évidemment, Assaad Thebian faisait partie du groupe [72]. À ce titre, un trophée sur le pupitre, il prit la parole pour lancer quelques flèches vers le gouvernement libanais, sous les applaudissements de M. Hale [73]. Un prélude à la révolution des «ordures»?

Depuis 2011 jusqu’aujourd’hui, Thebian œuvre comme consultant en medias numériques et communication. Parmi ses clients figurent de nombreuses ONG telles que la «Lebanese Association for Democracy of Elections» (LADE) et la «Civil Campaign for Electoral Reform» (CCER) [74]. Un bref coup d’œil sur le site du NDI permet de voir que cet organisme d’« exportation » de la démocratie a un partenariat de 17 ans avec la LADE et travaille étroitement avec la CCER [75].

10 – Lucien Bourjeily

Contrairement aux autres leaders du mouvement «Vous puez!», Lucien Bourjeily est un homme d’art. Écrivain et réalisateur, il a été choisi en 2012 par CNN comme l’une des 8 personnalités culturelles les plus importantes du Liban [76].

En 2013, il défia le gouvernement libanais avec une pièce de théâtre qui critique sévèrement la censure étatique. La pièce intitulée « Bto2ta3 Aw Ma Bto2ta3 » (littéralement «Tu coupes ou te ne coupes pas ?») a été interdite de présentation publique par le bureau de la censure, ce qui lui a valu une immense publicité. En 2014, Bourjeily a encore eu des problèmes avec les autorités libanaises pour une histoire de renouvellement de passeport, incident qui a agité la blogosphère [77]. La pièce de théâtre en question a été produite par l’ONG «MARCH» (citée auparavant en relation avec Elie Khoury) qui a pour mission «d’éduquer, de motiver et de responsabiliser les citoyens à reconnaître et à se battre pour leurs droits civils fondamentaux, élever une société libanaise ouverte tolérante afin de favoriser la diversité et l’égalité et de parvenir à une véritable réconciliation entre les différentes communautés ». Cette organisation est conjointement financée par la NED [78], l’USAID, SKeyes Media et Maharat [79].

Le rapport annuel 2014 de la NED indique clairement que la tâche de MARCH est de «monter une production de  » Bto2ta3 Aw Ma Bto2ta3″ et de documenter les efforts pour obtenir l’approbation d’une pièce vis-à-vis de la censure» [80]. Mission accomplie: l’interdiction de la pièce a été levée le 25 septembre 2014 et la nouvelle fut fortement médiatisée [81].

11 – Skeyes: Samir Kassir Eyes

SKeyes est l’acronyme stylisé de «Samir Kassir Eyes» (les yeux de Samir Kassir, le leader de la révolution du Cèdre). Ce centre a été fondé à Beyrouth en novembre 2007, suite à l’assassinat de Samir Kassir. Selon ce qui est mentionné sur son site «le centre se veut l’œil de surveillance des violations de la liberté de la presse et de la culture ; il entend également défendre les droits des journalistes et des intellectuels ainsi que leur liberté d’expression» [82].

De nombreux documents montrent que SKeyes est financé par la NED et le NDI [83]. D’autre part, avant d’être Directeur exécutif de SKeyes (depuis 2011), M. Ayman Mhanna avait travaillé pour le NDI comme administrateur principal de programme (2007-2011) [84].

Petite précision : Lucien Bourjeily et Imad Bazzi sont, tous deux, membres du conseil consultatif de MARCH [85].

Les activistes dont il a été question précédemment font partie des figures les plus médiatiques de la révolution des «ordures», mais la liste est loin d’être exhaustive. Néanmoins, le dissident qui fait le lien entre la révolution du Cèdre et celle des «ordures» est très certainement Michel Elefteriades, sorte de «chaînon manquant» du Liban révolutionnaire coloré. Une décennie plus tard, celui qui a fréquenté les spécialistes de la résistance non-violente de CANVAS revient au-devant de la scène de la contestation populaire.

Et d’utiliser le langage d’apparence naïve du «profane» en expliquant la révolution des «ordures»: «C’est une sorte de révolution populaire, un mélange de beaucoup de mouvements – une certaine anarchie dans le bon sens philosophique comme le refus de la centralisation du pouvoir – c’est vraiment un mouvement populaire, donc je ne pense pas qu’il va s’arrêter», a-t-il déclaré. Et de se contredire un peu plus loin : «il y a des intellectuels et des leaders d’opinion qui surveillent (les protestations). Nous sommes là pour surveiller s’il n’y a pas de glissements, ni d’intrus qui dirigent les manifestations dans une autre direction» [86].

12 – Michel Elefteriades et son Mouvement des dégoûtés

Dans l’élan créé par la révolution des «ordures», Michel Elefteriades a fondé «Harakat El Qirfanine» (le mouvement des dégoûtés) [87]. Une preuve qu’il n’a pas oublié les leçons de CANVAS. En effet, le logo de ce mouvement n’est autre que le poing d’Otpor et son nom s’apparente à celui des cyberdissidents soudanais «Qirifna» (on est dégoûté) [88].

Bien que les multiples revendications du mouvement «Vous puez!» expriment un réel ras-le bol de la population libanaise, il faut se rendre à l’évidence que les inextricables relations entre les leaders de la révolution des «ordures» et les différentes organisations américaines d’«exportation» de la démocratie ne sont pas anodines. Ces connivences latentes sont le résultat d’un travail de fond qui a précédé la révolution du Cèdre, qui s’est poursuivi jusqu’à ce jour et qui continuera très certainement dans le futur. À l’instar des autres pays arabes, la situation sociopolitique du Liban est un terreau si fertile que n’importe quelle minuscule graine de contestation peut générer un chaos indescriptible. Le «printemps» arabe en est la parfaite illustration. D’autant plus que le Liban est un pays clef dans l’équation moyen-orientale de par sa proximité avec Israël, sa relation géopolitique avec l’exsangue Syrie et la présence d’un irritant majeur pour les Occidentaux: le Hezbollah.

Finalement, il est intéressant de faire le parallèle entre le Liban et l’Ukraine. À environ une dizaine d’années d’intervalle, ces deux pays ont été le théâtre de deux révolutions «noyautées»; leurs populations ne présentent pas d’uniformité nationale (ethnique, cultuelle ou linguistique); ils sont géographiquement situés à proximité de pays de grande importance politique pour l’Occident (Israël/Syrie d’un côté et Russie de l’autre)de sorte qu’ils peuvent être utilisés comme chevaux de Troie pour l’atteinte d’objectifs géostratégiques.

Les révolutions orange (2004) et du Cèdre (2005) ont été parmi les plus grands succès de CANVAS. L’implication «planifiée» de violents groupes néonazis lors de l’Euromaïdan (2013-2014) a engendré des bouleversements dramatiques en Ukraine.

Au Liban, des relents «colorés» s’exhalent des monceaux de détritus qui jonchent les rues. Et une question se pose: de quoi va «accoucher» la révolution des «ordures»?

Références
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  2. Ahmed Bensaada, «Arabesque américaine: Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe», Éditions Michel Brûlé, Montréal (2011), Éditions Synergie, Alger (2012).
  3. Ibid.
  4. Ibid.
  5. William J. Dobson, «The Dictator’s Learning Curve: Inside the Global Battle for Democracy», Random House Canada Limited, Toronto, 2012.
  6. Ahmed Bensaada, «Ukraine: autopsie d’un coup d’état» Reporters, 10 mars 2014 http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=257:ukraine-autopsie-dun-coup-detat&catid=48:orientoccident&Itemid=120
  7. Ahmed Bensaada, «Hong Kong : un virus sous le parapluie», Reporters, 14 octobre 2014,
  8. http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=294:hong-kong-un-virus-sous-le-parapluie&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
  9. Tina Rosenberg, «Revolution U», Foreign Policy, 16 février 2011 http://www.foreignpolicy.com/articles/2011/02/16/revolution_u
  10. Sharmine Narwani, «Ten years on, Lebanon’s ‘Cedar Revolution’» RT, 13 mars 2015,http://www.rt.com/op-edge/240365-lebanon-revolution-anniversary-cedar-2005/
  11. Niles Lathem, «Give Us Leb-erty! Protesters Slam Syria In Massive Beirut Rally», New York Post, 8 mars 2005 http://nypost.com/2005/03/08/give-us-leb-erty-protesters-slam-syria-in-massive-beirut-rally/
  12. Bassem Chit, «Lebanon: Some Things That Money Can’t Buy», Socialist Review, n°306, mai 2006 http://socialistreview.org.uk/306/lebanon-some-things-money-cant-buy
  13. Voir référence9
  14. Ibid.
  15. Rita Chemaly «Le printemps 2005 au Liban: Entre mythes et réalités», L’Harmattan, Paris, janvier 2009.
  16. BBC News, «In Pictures: Beyrouth Protest», 28 février 2005 http://news.bbc.co.uk/2/hi/in_pictures/4304639.stm
  17. Voir référence7
  18. Milos Krivokapic, «Les faiseurs de révolutions: entretien avec Aleksandar Maric», Politique internationale, n°106, hiver 2004-2005
  19. http://www.politiqueinternationale.com/revue/read2.php?id_revue=20&id=77&content=texte&search=
  20. Voir référence2
  21. Voir référence6
  22. Voir référence9
  23. Ahmed Bensaada, «Arabesque$: Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes», Éditions Investig’Action, Michel Brûlé. À paraître en septembre 2015.
  24. Ibid.
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  28. FORA TV, «George W. Bush on Democracy and Security»
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  30. Democracy & Security International Conference, «Organizers», Prague 5-6 juin 2007 http://www.democracyandsecurity.org/organizers.htm
  31. Prague Security Studies Institute «International Advisory Board» http://www.pssi.cz/pssi-boards/international-advisory-board
  32. Voir référence26
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  39. Heinrich-Böll-Stiftung, «Second Arab Bloggers Meeting 2009», 8-12 décembre 2009,http://lb.boell.org/en/2014/03/03/second-arab-bloggers-meeting-statehood-participation
  40. Pour voir les photos du «Second Arab Bloggers Meeting 2009»: https://www.flickr.com/groups/1272165@N24/pool/with/4193262712/
  41. Pour connaitre la relation entre les «Stiftung» allemands et la NED, voir référence 21, chapitre 2.
  42. Heinrich-Böll-Stiftung, «Bloggers meeting report 2009 – Blogging out of Repression and Passivity, into Democracy and Change», 8-12 décembre 2009 https://lb.boell.org/sites/default/files/downloads/Bloggers_Meeting_Report_2009.pdf
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  44. Pour une discussion plus approfondie sur TOR, voir référence 21, chapitre 3.
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  47. Pour une discussion plus approfondie sur les cyberactivistes égyptiens, voir référence 21, chapitre 4.
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  75. Kesserwen, «8 leading lights in Lebanese culture» 18 août 2012
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  77. Nour Braïdy, «l’acteur Lucien Bourjeily récupère son passeport et crie victoire», Asdaa’, 24 mai 2014 http://asdaa.eu/2013-10-30-12-58-41/18-2013-10-31-11-02-33/808-l-acteur-lucien-bourjeily-recupere-son-passeport-et-crie-victoire
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  79. MARCH, «Resources – Partners» http://www.marchlebanon.org/en/Resources-Partners
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  82. SKeyes, «Qui sommes-nous?»,http://www.skeyesmedia.org/fr/Who-We-Are Voir, par exemple: Frank Smyth, «Animated journalist survival guide looks ahead», Committee to Protect Journalists (CPJ), 22 août 2013, https://cpj.org/blog/2013/08/animated-journalist-survival-guide-looks-ahead.php
  83. LinkedIn, «Ayman Mhanna – Executive Director at Samir Kassir Foundation» https://www.linkedin.com/in/aymangmhanna
  84. MARCH, «Missions and Objectives», http://www.marchlebanon.org/en/About-Us
  85. Elsa Buchanan, «Lebanon You Stink protests: We are not Egypt, claims activist Michel Elefteriades», IBTimes, 25 août 2015,http://www.ibtimes.co.uk/lebanon-you-stink-protests-we-are-not-egypt-claims-activist-michel-elefteriades-1517010Al Joumhouria, «Michel Elefteriades est “dégouté et descend se promener à la place des Martyrs”», 24 août 2015, http://www.aljoumhouria.com/news/index/255178
  86. Siavash Golzadeh, «Girifna – a part of Sudan’s non-violent history», Peace Monitor, 10 septembre 2013,http://peacemonitor.org/?p=836

Ahmed Bensaada

Ahmed Bensaada, Docteur en physique, enseignant et essayiste installé au Canada depuis plusieurs années, il suit attentivement les mutations et bouleversements au Maghreb et au Moyen-Orient auxquels il a consacré plusieurs articles, colloques et conférences. Il est l'auteur de "Arabesque américaine: le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe" (2011), et coauteur de "La face cachée des révolutions arabes" (2012). Lauréat du prix du Premier Ministre du Canada pour l'excellence dans l'enseignement, il est auteur et coauteur de nombreux ouvrages pédagogiques pour l'enseignement des sciences (Chenelière Éducation, Montréal) ainsi que concepteur et administrateur du site éducatif québécois "Science Animée" (Cyberscol).

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