Le radicalisme religieux au Moyen-Orient : De l'interprétation confessionnelle de l'Histoire, de la réalité et de la vie

Le radicalisme religieux au Moyen-Orient : De l'interprétation confessionnelle de l'Histoire, de la réalité et de la vie 938 400 Haytham Manna
Ce texte est extrait du colloque SIHR Genève (5-6 septembre 2015) : Le radicalisme religieux au Moyen-Orient

«Vivement un bûcher pour débarrasser le Levant de ses minorités».

Je regrette Hitler qui a brûlé les Juifs de son temps ainsi que le Sultan ottoman Abdel Hamid qui a exterminé les Arméniens», dixit Lamia Nahas, membre de la Coalition Nationale de l’opposition syrienne (pro-occidentale).

Toute tentative de dénaturer le fondement du combat social, politique ou civique et sa dérivation vers une lecture confessionnelle de l’Histoire, du temps présent et de l’avenir, ne saurait constituer une plate-forme viable de combat contre les régimes anti-démocratiques.

Sauf à envisager ce combat sous son angle purement militaire avec tout ce que choix implique comme mépris des lois de la guerre et des règles concernant la protection des personnes. Un corpus juridique édifié pierre par pierre depuis bien avant l’apparition du christianisme, de l’apport de la culture arabe et musulmane et de la renaissance occidentale ainsi que du Droit Humanitaire International. En un mot le corpus juridique ayant trait aux Droits de l’Homme. Un tel comportement porte la marque d’un mépris pour l’esprit et pour la diversité et la richesse inter humaine.

1 – Le confit confessionnel, une arme de destruction massive

Le conflit confessionnel, en résumé, est une arme de destruction massive des sociétés et des Etats, avant d’être une confrontation entre des opposants dotés d’un programme politique et un régime autoritaire.

Une arme de destruction massive en ce qu’il applique un critère de discrimination raciste et confessionnel et adopte un instrument comparatif facteur d’exclusion. Le raisonnement procède du syllogisme. La sentence est invariable. Ainsi tous les hétérodoxes sont des renégats, les Nussayrites (1) sont des ennemis, les Nawasseb, des ennemis d’Ali et de la famille du prophète, les Ibadites (2) des schismatiques, les Druzes situés hors de l’Islam… tous les contestataires, des menteurs et tous ceux qui ne prêtent pas allégeance des «ennemis d’Allah».

2 – La fabrication de l’ennemi fictif

Abdel Rahman Al Wabili stigmatisera cette tendance dans le journal saoudien «Al Watan» en ces termes : «Prétendre qu’une certaine forme de culture constitue un ennemi qui menace le pays en ce qu’il s’est incrusté en lui, dans sa sécurité, sa religion et sa culture, que de surcroît un grand nombre de personnes adhère à ses analyses pose problème. Que dire alors lorsque ce prescripteur d’opinion prétend que cet ennemi-là appartient à une religion ou à une confession, contraire à la religion du pays qui se trouve en état de minorité ?

«Des tonnes d’ouvrages traitent de ce sujet dont la transmission et la pérennité ont été assurées par la tradition orale, transmise de siècle en siècle par des discours démagogiques surchargés de rigidité intellectuelle et de distorsion des faits en vue de fabriquer un «ennemi fictif»; une thématique, dont la crédibilité est forgée par la répétitivité de l’argumentaire; un exercice qui finit par devenir un plaisir existentiel en soi en ce qu’il verra en tout citoyen un ennemi fictif.

«Un tel contexte contribue à la fabrication de l’ennemi ou mieux à la fabrication des ennemis fictifs, sans le moindre coût ni au niveau de la pensée, ni au niveau de la recherche logique. La fabrication de l’ennemi devient un plaisir servile, auquel s’adonnent les imbéciles et les ignorants, tous ceux qui sont en quête d’une notoriété dans le champ religieux ou national.

«Ce plaisir est amplifié par la bêtise de leur auditoire, aliéné par cet abrutissement; un auditoire abruti idéologiquement, défiguré existentiellement, cherchant à accroître la crédibilité de son idéologie par un déferlement de haine, de détestation et d’agressivité, dont la défense de leur idéologie est salué comme un acte de courage, pour affirmer leur prétendue patriotisme (1).

3 – «Je regrette Hitler qui a brûlé les Juifs de son temps ainsi que le Sultan ottoman Abdel Hamid qui a exterminé les Arméniens», dixit Lamia Nahas, membre de la Coalition Nationale de l’opposition syrienne (pro-occidentale).

Alors que je méditais la philippique du saoudien contre les marchands de religion, un ami me faisait parvenir un extrait d’un post publié sur sa page Facebook par Lamia Nahas, membre de la coalition nationale de l’opposition syrienne (une coalition considérée par le Groupe des amis du peuple syrien où figure la France, Qatar, l’Arabie Saoudite, les Etats-Unis et le Royaume Uni, comme représentant unique du peuple et de la révolution). Cette dame dont je n’avais jamais entendu auparavant résumait bien l‘état d’esprit ambiant, mais dont la diatribe contre les minorités reflétaient parfaitement les appréhensions du saoudien Abdel Wahab Al Wabili.

Ci joint la diatribe de Lamia Nahas, un morceau d’anthologie

«Chaque fois que les minorités déploient leur morgue à l’égard de la Syrie, ma conviction s’affirme davantage sur la nécessité de dresser un bûcher pour les carboniser tous. Je regrette Hitler qui a brûlé les Juifs de son temps ainsi que le Sultan ottoman Abdel Hamid qui a exterminé les Arméniens de même que le héros des Arabes, Saddam Hussein, qui s’est comporté en homme à une époque où il n’en existait plus et dont il n’existera plus jamais après lui.

«Il nous incombe d’éliminer l’affirmation selon laquelle Bilad As Cham (le Levant) est une zone de diversité idolâtrique, religieuse et confessionnelle. Le pays de la diversité culturelle. Toutes les cultures sont parvenues à la conclusion que les minorités sont un mal dont il importe de se débarrasser et épurer le Levant de leur présence.

«Fasse Dieu que nos révolutionnaires puissent les anéantir, tous. Les Kurdes, les Alaouites et les Nusayrites. Sunnite, je suis fière de mon arabité». LN

Il ne fait le moindre doute que les premières victimes de l’extrémisme religieux sont précisément les membres de la communauté dont le prédicateur est issu et qui prétend la défendre. Les premières victimes de l’extrémisme religieux sont la classe la plus cultivée et la plus humaine au sein de cette communauté.

Le djihadiste takfiriste se considère comme le présentant légitime et unique, devant Allah, de sa confession et de son peuple. Sa personne devient le critère de loyauté des membres de la communauté à son égard. Ce faisant, il sacrifie, non seulement, toute une classe représentative de vastes secteurs du champ politique qui s’est distinguée dans des luttes civiques, sociales et politiques, mais suscite par contrecoup une phobie généralisée à l’égard de toute emprise politique envers la confession qu’il prétend représenter.

4 – Penser contre son propre camp

Dans l’Etat moderne, des groupements religieux ont pu mener des changements politiques et intellectuels en s’affranchissant du fanatisme identitaire et confessionnel. Ainsi des «Catholiques», religion dominante France, ont combattu le catholicisme, pour fonder le socle idéologique de la Révolution Française. L’éveil civique des Anglais, en développant une conscience nationale, a posé les fondements de l’Empire britannique.

Dans sa (Contribution à la question des minorités au Liban-1976) Yassin al Hafez termine avec le constat suivant: La décision historique de promouvoir le progrès ne saurait avoir de validité en ce qu’émanant de la population sunnite, la lucidité commande que sa validité aille au-delà d’une idéologie sunnite. Faisons en sorte que «le sunnite» ne soit pas sunnite en son approche et projet (Le sunnite non sunnite).

5- L’apostasie, une forme d’aliénation dans les sociétés musulmanes

Le recours à l’apostasie constitue une forme d’aliénation, individuelle et collective, dans les sociétés musulmanes. Une aliénation mentale, politique et sociale et débute avec la rupture avec l’environnement naturel (famille, groupe, tribu).

Si l’aliéné se heurte à un refus ou à une résistance de sa famille, de sa tribu, de son école, de son lieu de travail, il n’hésite pas à considérer comme ennemi ses plus proches. L’illustration la plus concrète de l’instrumentalisation de l’aliéné se traduit, symboliquement, par la confiscation de ses avoirs et de ses pièces d’identité afin de les affecter à sa mission sacrée.

Le crime commis le 13 juillet 2015 dans la province de Khamis Machitt (Arabie saoudite), -lorsque le dénommé Mohammad Al Ghamdi a tué son propre père avec un revolver, blessant deux autres membres des forces de l’ordre qui s’apprêtaient à procéder à son arrestation- a remis en mémoire un incident similaire commis par des éléments d’Al Qaida 12 ans auparavant.

Ce jour-là Khaled Al Farraj (de son vrai nom Hamoud Ben Jouey Al Farraj) a tué son père lors d’un échange de feu contre les forces de l’ordre qui perquisitionnaient son domicile à Ryad.

Mounzer Al Zohbi, plus connu sous le pseudonyme d’ «Abou Ghada Al Zohbi», était de retour de Syrie de la ville d’Al Khajfi (Arabie Saoudite) après avoir démissionné de son poste à l’Aramco (le consortium pétrolier saoudo-américain). Il commentera cet incident, sur twitter, en ces termes : «Quand le chirurgien damascène, originaire de la ville d’Idlib, découvrit la vérité sur l’Unification et réalisa que l’œuvre du magicien est en fait un acte d’apostasie, il a commencé par ses plus proches (son père) pour se rapprocher de Dieu, en lui faisant allégeance».

6 – Les pubères tunisiennes pour le repos du guerrier de Syrie

Nous avons obtenu confirmation que plusieurs filles mineures tunisiennes, ont été embobinées par un grand frère pour se rendre en Syrie et s’offrir aux combattants. Ce phénomène ne se limites pas à Da’ech. Pareilles pratiques ont eu cours au sein du Jabhat An Nosra, dont nous avons eu également confirmation, de même qu’au sein du mouvement nigérian Boko Haram, et du mouvement de la jeunesse somalienne les «Shebabs».

7 – Les Frères Musulmans et le prédicateur Youssef Al Qaradawi : une capacité de mobilisation pour la Syrie infiniment supérieure à la mobilisation pour l’Afghanistan

Diaboliser autrui est une condition indispensable pour abuser du droit de vie et de mort, pratiquer la violence aveugle. Une aptitude au meurtre présuppose une profonde capacité de détestation d’autrui.

Plus la haine s’accroît, plus tend à se constituer un bloc psychologique outrepassant le simple fait de tuer pour déboucher sur le désir de tuer quiconque s’apparente à lui sur le plan confessionnel, afin de supprimer toute différenciation au sein de sa communauté pour justifier le caractère confessionnel du conflit. La haine ne saurait se concrétiser en violence aveugle sans qu’il soit auparavant aménagé un environnement propre à conditionner l’individu pour le placer en état de mobilisation affective et de tirer profit de son aliénation mentale afin de neutraliser sa capacité de réflexion.

Dans la séquence syrienne, la confrérie des Frères Musulmans, le prédicateur du Qatar, Youssef Al Qaradawi, et leur école de prédicateur salafiste, des salafistes djihadistes, ont réussi à mobiliser en trois ans plus que la guerre d’Afghanistan n’a mobilisée de combattants étrangers en dix ans de conflit.

Toute mobilisation entraîne une contre mobilisation, attirant de nouveaux groupements sur le champ de bataille: Il en a été ainsi des petits fils d’«Al Fadl Ben Al Abbas»(Chiites Irakiens), chargé de défendre les lieux saints chiites (sic!), ou encore ceux à qui a fait défaut l’honneur de tomber en martyr dans leur pays en combattant Israël (les Palestiniens), ont cherché à se ressaisir en Syrie.

8 – A l’unisson des islamistes, les médias occidentaux

A l’unisson des islamistes, les médias, notamment les réseaux de dissension sociale, y compris les chaînes occidentales, n’ont pas été en reste, participants à la promotion de leur thématique à savoir «Le régime syrien tue les enfants et viole les femmes».

Analysant la phase de mobilisation haineuse, Abdallah Al Matiri écrit à ce propos : «L’islam djihadiste surpasse, par sa démarche simplificatrice, toutes les formes de l’ignorance, de l’arriérisme, toute notion de crise politique et culturelle dont pâtit la société à laquelle il s’adresse, réduisant la problématique au fait que nos frères sont tués et leur honneur violé; qu’une musulmane est violée et qu’il importe de voler à son secours». «Il ne se pose pas beaucoup de questions. Au contraire, il présente le problème comme étant d’une simplicité naturelle dont le règlement n’attend que la mise en œuvre des solutions préexistantes.

«Leur rhétorique fait appel à l’affect. Des thèmes porteurs d’une forte charge émotive, la femme, le viol, l’enfance. Des thèmes généralement déclencheurs de sympathie et d’affection. Mais une fouille plus poussée de leur démarche révèle une réalité bien différente. Leur but est de s’attirer la sympathie des gens, alors qu’en réalité le but visé est la propre victoire du donneur d’ordre de la mobilisation, nonobstant les conséquences que ses prescriptions sur le sort des musulmans, qu’importe pour ce faire que des musulmans soient tués dès lors qu’ils entravent sa route (2).

Le glissement de l’extrémisme religieux se poursuit avec la définition de la nature du système politique. Pas besoin de neutraliser un régime arbitraire ou dictatorial. L’objectif est tout autre. Il n’est pas de substituer un tel régime par un régime démocratique et civil (3). Pointer que le régime est le «grand Satan» permet par déduction de stigmatiser tous ceux qui ne participent pas au Jihad sacré contre ce régime.

9 – Du bon usage du terme générique de «milices chiites», aspirateur de fonds saoudiens

Là commence pour le groupement djihadiste takfiriste le travail de définition de l’ennemi et sa nature. Une grande convergence s’est manifestée entre les vétérans de At Tali’a Al Mouqatilla (l’avant garde combattante des Frères Musulmans, la structure militaire clandestine des FM de Syrie), le mouvement «Ahrar As Sham» et Jabhat An Nosra pour qualifier unanimement le camp adverse de «milices chiites».

Ce terme générique englobe l’armée syrienne, le Hezbollah libanais le groupement «Al Fadl Ben Abbas (chiites Irak), les groupes d’autodéfense syrien désignés sous le vocable de comités populaires syriens, la défense nationale ainsi que les fiers à bras du régime (les «Shabihas»). En Irak, ce terme a permis d’opérer un amalgame d’un ensemble hétéroclite englobant tout homme en armes, qu’il s’agisse d’un membre des forces armées ou des milices confessionnelles, constituant un tout organique par sa nature, sa fonction et son objectif.

Son objectif sous-jacent : la guerre contre les milices chiites est un aspirateur de fonds saoudiens et qataris, et de soutien des médias financés par les deux pays wahhabites, tendant à édifier ainsi un «front de soutien de la famille sunnite face au croissant chiite».

10 – Priorité aux groupements hyper-confessionnalisés dans les PC conjoint (Otan-Pétro-monarchies) de Turquie, au détriment de l’Armée Syrienne Libre.

Docteur Walid Al Bounni, chef du bureau des relations extérieurs au sein du Conseil National Syrien et premier porte-parole officiel de la Coalition syrienne de l’opposition, m’a confié que le PC conjoint de Turquie accordait la priorité aux groupements les plus confessionnalisés dans la répartition de l’assistance financière et militaire, et cela à l’apogée de l’existence de l’Armée Syrienne Libre.

A un combattant appartenant au groupement «les jeunes sunnites», j’ai posé la question suivante : «Depuis quand tu tiens un discours confessionnel alors que la bouteille d’Arak (boisson anisée de la famille du Pastis marseillais et de l’Ouzo grec) trônait en permanence dans ta maison.

Réponse du combattant reconverti : Personne ne facilite la tâche d’un groupement ayant pour nom «Bataillon Che Guevara»

A ce point du récit il est nécessaire de faire renaître Ibn Taimiyya, l’inspirateur spirituel du wahhabisme, pour passer en revue tous les fatwas concernant l’apostasie. Un prédicateur charlatan du salafisme n’hésitera pas à livrer cette prescription: «Quiconque a dix flèches, qu’il lance neuf en direction des dissimulateurs et le dixième en direction des chrétiens».

L’assassinat du concept de concitoyenneté se fait par préméditation. Pas besoin de dissimulation. La nouvelle classification des êtres humains s’opère entre ansar (partisans) et Muhajirin (migrants), d’une part, et les ennemis de la religion, d’autre part: «Notre lien avec nos frères en religion, au sein de la famille musulmane, prime tout lien de nature territoriale ou nationale.

Notre soutien aux musulmans se fonde sur la religion et la loyauté à son égard, non sur la patrie ou sur la terre. Que tout le monde sache que l’État islamique dont l’édification est souhaitée est l’État qui se fonde sur la religion, la croyance et la Charia, lesquelles priment toute autre considération. Sur cette base se fonde l’allégeance.

«Un musulman n’est pas l’égal d’un infidèle. Ce qui porte tort aux migrants (Al- Muhajirin, les musulmans expatriés) nous affecte. La terre du Levant (Ardh Al Sham) est là pour vous y déplacer. Les portes du Levant (Abouab Al Cham) sont grandes ouvertes à quiconque voudrait y témoigner de sa solidarité pour le bien de ce pays et de son peuple (4).

11 – De la solidarité combattante aux colonies de peuplement

La traduction concrète de ce message vise à attirer des combattants étrangers et à les affecter à des commandements d’unités et à les inclure dans PC opérationnels communs. Il dépasse ce cadre strictement militaire pour constituer un appel une sorte de colonisation de peuplement de familles entières.

A – Le reportage de la chaîne saoudienne «Alarabiya» en date du 3 août 2015:

Dans son programme quotidien «La Syrie de la révolution», «Al Arabiya» diffuse un reportage révélant que la colonisation de peuplement ne se limite pas à Da’ech, mais d’une action concertée entre Da’ech, Jabhat An Nosra et des groupements comprenant de nombreux étrangers, venus avec leurs familles, en vue de resserrer les liens de la solidarité elles qu’elles existaient à la naissance de l’Islam. Une solidarité qui s’est manifestée par l’occupation des maisons des réfugiés et déplacés syriens- deux catégories qui pâtissent de tous les maux dans des conditions inhumaines.

B- Démarche identique pour le régime syrien.

Cela ne saurait faire oublier les opérations d’attribution des maisons, de même que les naturalisations opérées par le régime au profit des combattants livrant bataille à ses côtés dans diverses zones du pays, particulièrement dans le secteur de Sayda Zineb, sanctuaire chiite dans la périphérie de Damas.

Ce pouvoir laïc gratifie ainsi les combattants qui se sont rangés à ses côtés dans des pratiques confessionnelles qui ne différencient guerre des groupements takfiristes.

12 – De la légitimité de la vengeance dans le discours djihadiste takfiriste

En ce qui concerne la relation entre les composantes de la société, Jabhat An Nosra est d’une grande clarté: «La relation avec les groupes, les religions et les confessions est différente selon les hommes du savoir, mais il se saurait y avoir une égalité de traitement. Le pacte doit affirmer le primat de la Charia dans la relation avec les confessions, affirmé que la relation avec les confessions doit se faire selon la charia et ses prescriptions (5).

«La charge haineuse ne saurait se développer sans être attisée par l’idée de vengeance et de vendetta. Al Qaida au pays du Levant, alias Jabhat An Nosra ne fait pas mystère de son objectif d’instrumentaliser l’idée de vengeance et de vendetta tant dans ses communiques que dans ses pratiques quotidiennes.

Dans l’article 5 du communiqué de Jabhat An Nosra précité, il est bien précisé que «le communiqué stipule que les groupements cosignataires du texte souhaitent traduire en justice les symboles du régime et ses assistants criminels pour un juste procès. Loin de toute esprit de vengeance, force est de constater que ce principe est contraire la Charia qui spécifie que les renégats n’ont d’autre issue que l’épée dans la religion musulmane.

«Les bourreaux, les symboles du régime, qui sont eux aussi des renégats, sont de ce fait également soumis à la Charia qui prescrit de les tuer lorsque cela est possible. En tout état de cause, en vertu de notre charia bienveillante, il est de notre droit de nous venger de ce régime criminel».

Le Hadith cité par Al Nassai et corrigé par Al Albani sur les quatre catégories des personnes à tuer même s’il s’attache à la Grande mosquée de la Mecque… Abou al Qa’qa’ B. Amro n’a-t-il pas scandé au début de la grande bataille d’Al Kadissya: «Oh Vengeance pour Abou Ubeid, Oh vengeance pour Salit B. Amro…. Le Prophète n’a-t-il pas envoyé des compagnons pour venger la batail de Mo’uta et de Tabouk ?

Il est des cas où la vengeance et la vendetta sont légitimes en ce qu’elles sont décrétées par la charia. L’absence de vengeance et de vendetta pour le compte des gens du Levant (Ahl Al Sham) devient alors la marque du défaitisme (6).

13 – Abou Mohammad Al Joulani: Initiateur du discours vindicatif

La paternité du discours vindicatif revient à Abou Mohamad Al Joulani. Qui annonce, dans sa première déclaration les objectifs de son mouvement: «Restaurer la souveraineté de Dieu sur sa terre, venger l’honneur bafoué et le sang coulé, redonner le sourire aux nourrissons, aux femmes et aux veuves» (7).

Dans une interview à la chaîne «Al Mayadin», l’ancien chef de la commission de la législation d’Al Qaida soutient que «le confessionnalisme leur a été imposé alors qu’ils étaient dégagés de ces préoccupations-là». (Interview «Al Mayadin» 25 Août 2015: Les islamistes et après?) Les milices chiites invoquent la légitime défense face à une guerre d’apostasie menée contre les chiites, mais évitent de traiter des tortures qu’ils ont infligées dans les caves de Bagdad à leur retour (au pouvoir)».

«Alors que je soignais un communiste victime des milices «Al Badr» (chiites-irakiens), le blessé me raconta ceci: «La torture était sauvage. J’ai dit à plusieurs reprises au bourreau, que j’avais combattu Saddam Hussein, que j’ai même été emprisonné, que j’ai même fui le pays de crainte pour ma vie et voilà que je subis ce traitement de votre part.

Le bourreau manquait visiblement d’argument, se contentant de répéter: N’avez-vous pas tué Al Hussein, (NDLR: le petit-fils du prophète à l’origine du contentieux entre chiites et sunnites) et outragé ses descendants? … Je me suis alors rendu compte qu’il était impératif de fournir des réponses mensongères pour préserver ma vie, persuadé que j’allais mourir sous la torture».

14 – La thèse du prédicateur Ahmad Ben Hamad Al Jilan sur «les Hadiths dont s’inspirent les égarés».

Dans sa soutenance sur sa thèse «Les Hadiths dont s’inspirent les égarés: exposé et critiques», le prédicateur islamiste expose le fondement idéologique et comportemental des djihadistes takfiristes, assurant que les concepts référents se réduisaient à un nombre de Hadith attribués au prophète, dont voici un décompte sommaire, à titre d’exemple :

  • 310 termes répétés, un hadith sur la con-citoyenneté, sans répétition,
  • 237 Hadiths sur le prophète,
  • 172 Hadiths authentiques auxquels ils se référent,
  • 61 Hadiths mais en leur donnant une autre interprétation
  • 8 Hadiths fable crédibilité (8)

Imaginons l’effet catastrophique que peut provoquer un tel processus d’interprétation jurisprudentielle d’une civilisation et d’une religion émanant de la part de personnes de faible instruction, à la connaissance limitée, à la foi déformée, la croyance handicapée, le cerveau anesthésie, sans la moindre perspective.

L’analyse du processus de ridiculisation de la connaissance de la religion chez les takfiristes nous conduit à étudier les fondements de ce mouvement tant sur le plan idéologique qu’organisationnel.

Ibn Taimiyya représente, sans nul doute, l’Imam fondateur et inspirateur de leur idéologie, dont les empreintes ont laissé de traces profondes en ce qui concerne leur fermeture idéologique, le fanatisme confessionnel, le recours à l’apostasie et à la haine.

L’influence wahhabite résulte manifestement de la structure tribale sur laquelle s’est appuyé Mohammad Abdel Wahhab pour se lancer à la conquête du Najd. Le mouvement de Mohammad Abdel Wahhab a opéré un double mouvement: Un retour de la ville vers la tribu, et de la civilité vers le fanatisme.

Abdel Wahhab a réussi à implanter l’idée de la haine envers la civilisation en contradiction flagrante avec le message de l’Islam, surgi, paradoxalement, de la portion la plus civilisée du pays La Mecque.

Aménager des tombes dans le sable est une idée acceptable au sein des tribus du Najd qui enterrent leurs morts, à même la terre, sans le moindre indice, dissipant ainsi dans le sable le souvenir de leur passé. La détestation, la contrainte et la correction sont des règles fondamentales pour l’aménagement des relations entre le Wahhabite et le musulman en vue d’apurer la religion de toute novation, distraction ou dissension. La Péninsule arabique n’a-t-elle pas protesté pendant plus d’un siècle contre l’acceptation de la consommation du café ou l’usage du narguilé (pipe à eau); contre l’usage du microphone, du haut-parleur, de la télévision, de l’appareil photo, voire même contre toute reproduction en dessin d’un animal ou d’un être humain ?

15 – Le sermon d’Abdallah Al Mouheissni à la vielle du Ramadan

Il n’est pas étonnant dans un tel contexte que le Wahhabite saoudien Abdallah Al Mouheissni, s’adressant aux musulmans du district d’Idlib, à la veille du Ramadan fasse part de ses préoccupations en ces termes:

«D’ici de la terre du Levant (Ardh Al Cham), de la terre du Djihad et de l’ancrage authentique, D’ici les cris des musulmans et les plaintes des familles…D’ici nous adressons un appel à la solidarité pour l’organisation d’un rassemblement d’un million de personnes, lancé par des prédicateurs, pour extirper de vos maisons MBC (chaîne de télévision saoudienne) et d’autres chaînes infectées, pour accueillir le mois du Ramadan, afin qu’il s’installe dans sa miséricorde et ses bienfaits; un cadeau afin que le mois du Ramadan demeure le mois du Coran.

«O père béni, Oh mère bénie, je vous lance un appel et vous invite, plaise à Dieu, d’extirper ces chaînes par obéissance à Dieu et à son prophète, car s’il avait été dit à quelqu’un d’entre vous que j’irai avec ses fils ou ses filles dans un lieu de loisir ou un dancing, son visage aurait rougi, rempli de colère.

«Alors comment autorisez-vous ces chaînes d’instiller leur poison à travers les canaux de nudisme e de corruption avec les chanteuses et danseuses qu’ils insèrent dans l’imaginaire de vos enfants, garçons et filles. «Comment autorises-tu, toi, chef de famille, que l’on se moque de la religion de Dieu, que la haine et l’impertinence soit diffusée auprès de ton fils ou de ta fille, les fruits de tes entrailles.

Dieu t’observe. Tout regard porté par tes enfants sur ces chaînes, tu en répondras devant Dieu» (9).

16 – Vers où les takfiristes mènent l’Islam et les sunnites? Le sévère constat du Docteur Mohamad Habbache.

Combattre le patrimoine de l’humanité, de même que la destruction systématique des sites archéologiques, ne constituent pas une ligne de conduite musulmane.

Les Musulmans ont sauvegardé les vestiges et patrimoine des civilisations qui le sont précédé en Asie, en Afrique et en Andalousie, alors que le wahhabisme considère que la conservation du patrimoine non islamique relève de l’idolâtrie, le maintien d’une statue ou d’un sanctuaire comme un prolongement de l’ère préislamique de l’ignorance (Al Jahilya).

La destruction du patrimoine de l’humanité, entreprise par les takfiristes depuis l’édification de l’Émirat des Talibans, dans la décennie 1980, dépasse en importance la totalité des destructions commises depuis l’avènement de l’Islam il y a quinze siècles.

Le sévère constat du Docteur Mohammad Habach:

«Tout ce que Da’ech, Jabhat An Nosra, Boko Haram et les Shababs somaliens ont commis en termes d’exécutions, de supplices corporels, dépasse plusieurs dizaine de fois, tout ce qui a été commis dans la totalité de l’histoire musulmane……Où mènent donc les takfiristes l’Islam et les sunnites dont ils se revendiquent comme étant leur porte-parole» ?

17 – Épilogue: Tafkir ou Takfir, l’enjeu se joue à une syllabe

Il est impossible que l’extrémisme confessionnel opte pour la construction quand sa pesanteur penche vers la destruction ou qu’il opte pour la réflexion (Tafkir) face à l’apostasie (Takfir) en ce que cela le priverait de sa raison d’être.

Depuis la 1ère opération du Jabhat An Nosra matérialisée par la destruction de la base aérienne d’Alep –dont Al Jazeera en a assuré la diffusion en tant qu’exploit révolutionnaire–, la destruction de la statue d’Aboul Ala’ Al Ma’ari, la démolition des sanctuaires, des églises et autres lieux de culte, de même que l’usage de l’eau potable comme arme de guerre jusqu’à la destruction de l’usine thermique de Zayzoun, la question de la rationalité quant au choix des objectifs militaires ne se pose plus, sauf au sein des milieux populistes et jusqu’auboutistes.

La défaite des personnalités et forces politiques qui s’imaginaient pouvoir accéder au pouvoir -à tout le moins être proche d’y accéder- les a frappé de cécité politique, occultant de leur vue la structure des takfiristes et leur programme, dont l’objectif, par conviction idéologique, vise à capter la haine des victimes.

Ce faisant, ces personnalités et forces politiques ont privé les forces combattantes pour le changement démocratique de vastes secteurs populaires qui se sont engagés lors des premières manifestations du 18 mars 2011.

Le discours confessionnel a neutralisé de vastes secteurs populaires, contraignant des musulmans modérés militants actifs luttant pour la promotion d’un «Etat de citoyenneté» à garder le silence de crainte pour leur vie en ce qu’ils n’appartenaient pas à «l’équipe des sauveurs».

Le discours confessionnel a contraint un grand nombre à l’exil du fait qu’ils étaient privés de la possibilité de combattre la dictature par leurs propres moyens.

L’ironie de la situation est le fait que le directeur de la chaîne de télévision Orient, qui avait célébré la libération de la ville d’Idlib (par Jabhat Al Nosra) et distribué à cette occasion des pâtisseries à ses fonctionnaires, n’ose plus visiter le district dont il est originaire.

Les «hordes de libérateurs» n’ont pu, ce jour-là, dénicher le moindre quidam pour offrir des fleurs à leur libérateur.

Version arabe de l’intervention :

Notes

Note 1- Nussayrites, désignés encore par le terme alaouite, est une secte dont les disciples relevant de Moustapha Ibn Nussayr, présents en Syrie et en Turquie où ils sont désignés du nom des Alévis).

Note 2- Abadites, des descendants de Bani Abbad, dynastie musulmane qui régna à Séville de 1023 à 1091 après le démembrement de l’Empire Ommeyade de Cordoue.

Références

1 – Abdel Rahman Al Wabili: «l’extrémisme et la fabrication de l’illusion et de l’ennemi» «Al Watan on line» 31 juillet 2015

2 – Abdallah Al Matiri: «Comment pense l’idéologue» «Al Watan on line» 24 juin 2015

3 – Dans leur tentative de renflouer Jabhat An Nosra, ses défenseurs soutiennent que le groupement fait partie intégrante des forces de la révolution syrienne, nonobstant le fait qu’il ait fait acte d’allégeance à Ayman Al Zawahiri, chef d’Al Qaida, alors que, parallèlement, les journalistes de la chaîne du Qatar «Al Jazeera» sont mobilisés dans une opération de ravalement cosmétique de Jabhat An Nosra dans l’attente que la filiale syrienne d’Al Qaida soit rayée de la liste des organisations terroristes, comme cela a été pour l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) et d’autres organisations.

Le centre OMRAN des études stratégiques, pour sa part, a consacré une étude complète sur les résultats positifs d’une rupture des liens d’allégeance de Jabhat An Nosra envers Al Qaida. (An Nosra-Al Qaida, les répercussions d’une rupture du lien d’allégeance -Istanbul 26 juillet 2015).

Ses défenseurs occultent toutefois l’idéologie qui anime Jabhat an Nosra, sa structure, sa fonction, son programme et ses pratiques.

A noter le fait que dans sa réponse au «Pacte d’honneur révolutionnaire» émanant d’autres groupes djihadistes, Jabhat An Nosra proclame avec une très grande franchise son credo: «Nous ne voulons rien d’autre qu’un État fondé sur le gouvernement de la Charia. Cela dit sans détour, sans ambages. Nous proclamons cette position avec la plus grande franchie. Nous n’accepterons aucun État civil, démocratique ou tout autre État qui ne soit fondé sur le gouvernement de la Charia. C’est le cas de bon nombre de formations combattantes et qui constituent la plus grande majorité du peuple du Cham (Le Levant).

Plusieurs personnalités islamistes, y compris des formations combattantes ont vivement critiqué la position de Jabhat An Nosra. Voir à ce propos Mouhtasseb As Cham «Position concernant le communiqué de Jabhat an Nosra à propos du communiqué du «Pacte d’honneur révolutionnaire». Mercredi 21 Rajab 1435 de l’hégire 2I Mai 2014 de l’ère chrétienne.

4 – Communiqué de Jabhat An Nosra à propos du «Pacte d’honneur révolutionnaire».

5 – Même source. Il est important de signaler que ses thèses sont présentes en force parmi les idéologues de la confrérie des Frères Musulmans. A titre d’exemple, les propos de Saïd Hawa: «Les gens sont divisés en deux catégories. Les Musulmans et les Infidèles. Les infidèles englobent les personnes soumis au statut de dhimmis, les Chrétiens et les Juifs. Il est nécessaire de conclure un contrat de dhimmis et les contraindre à quatre obligations:

  • Verser leur tribut avec consentement
  • N’évoquer l’Islam que de manière positive
  • S’abstenir de tout acte nuisible aux musulmans
  • Que les commandements s’appliquent à eux de la manière la plus restrictive à l’égard de leurs droits.

Il est interdit aux gens frappés de servitude de postuler à des emplois publics, ni à donner leur avis. Pas de droit à la souveraineté, ni de concourir aux élections des instances dirigeantes de l’État islamique.

Si les musulmans jugent opportun de les affecter à des emplois publics, en cas de nécessité, il ne saurait y avoir aucune objection, sans pour autant que cette possibilité les mette en mesure d’exercer un commandement sur les musulmans, car une des conditions du contrat de dhimmis est que les infidèles doivent constamment être subordonnés aux croyants, qu’ils ne puissent jamais présider une instance composée de musulmans en ce qu’une des conditions de la servitude est que le musulman prenne l’initiative d’évoquer la paix. Saïd Hawa «L’Islam»- Beyrouth- Dar Al Kotob 3eme édition 1981 page 225

6 – Op.cit.

7 – Présentation doctorale soutenue à l’Université de l’Imam qui démontre le comportement des groupements égarés dans leur manière d’accéder à la connaissance des Hadiths du prophète, les distorsions auxquelles ils se livrent à son égard (Journal Ar-Ryad 9 juin 2015).

8 – Observateur Syrien des Droits de l’Homme (SOHR). L’information diffusée par l’OSDH est accompagnée d’une vidéo de celui qui se présente comme étant le «chef du centre des prédicateurs du djihad», en compagnie d’Abdallah Al Mouheissni, un des dirigeants de Jabhat An Nosra Juin 2015.

Haytham Manna

Haytham Manna, Président du mouvement Qamh (Valeurs, Citoyenneté, Droits) en Syrie. Membre dirigeant de la Conférence Nationale Démocratique de Syrie. Co-président du Conseil Démocratique de Syrie, coalition de l'opposition démocratique et patriotique syrienne, est Président de «The Scandinavian Institute For Human Rights (SIHR-Institut Scandinave des Droits de L’homme). En exil en France depuis 35 ans, il s'oppose à tout recours à la force pour le règlement du conflit syrien. Son frère a été tué par les services de sécurité syriens et son cousin torturé au début du «printemps syrien», en 2011. Il est l’auteur de trois ouvrages «Islam et Hérésie, l’obsession blasphématoire», «Violences et tortures dans le Monde arabe», tous deux aux Éditions l’Harmattan, ainsi qu'un troisième ouvrage «Le Califat d Da'ech». Titulaire d’un diplôme sur la médecine psychosomatique de l’Université de Montpellier, il a exercé au sein de l’équipe médicale du professeur Philippe Castaigne au Laboratoire du Sommeil (Département de neurophysiologie) du groupe hospitalier Pitié Salpêtrière à Paris. Haytham Manna siège au comité directeur de Justicia Universalis et de l’Institut égyptien des études des droits de l’homme, titulaire des plusieurs distinctions honorifiques dans le domaine des droits de l’homme: Medal of Human Rights-National Academy of Sciences-Washington (1996), Human Rights Watch (1992).

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