Ne pas exporter le conflit israélo-palestinien en France

Ne pas exporter le conflit israélo-palestinien en France 938 440 René Naba

Corollaire de la criminalisation antisémite, le mot d’ordre «ne pas exporter le conflit israélo-palestinien en France» constitue un épouvantail brandi à chaque comportement abusif d’Israël comme pour juguler toute critique.

Ne pas transposer le conflit en France, Soit. Mais alors comment expliquer qu’un réserviste de l’armée israélienne, ancien garde frontière de l’état hébreu, soit nommé conseiller du ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, en 2006, en pleine guerre de destruction israélienne du Liban.

Comment expliquer qu’un soldat israélien en opération de police contre Gaza, Gilad Shalit soit adopté comme otage français au prétexte de la présence d’aïeuls français dans sa lignée, et que cette protection diplomatique française soit refusée à un français de naissance, Salah Hammoury, un universitaire dont le grand tort est d’avoir une mère française, mais un papa palestinien. Une tare indélébile ?

Ne tirons pas sur l’ambulance DSK (Dominique Strauss Kahn) qui se demandait tous les matins, en se rasant ou pas, ce qu’il pouvait faire pour la «grandeur d’Israël» et non de la France, dont il était un élu à la représentation nationale. Soyons charitable et ne mentionnons pas le cas du grand Rabbin de France, un plagiaire, Gilles Bernheim, de crainte de réveiller l’antisémitisme en France.

Taisons le cas du fantasque BHL, théoricien du botulisme, également plagiaire. De même que sur le cas du non moins fantasque Bernard Kouchner, «doublement juif car à moitié juif», ainsi que le cas du fabulateur auto mutilé, le rabbin Guy Farhi, une des grandes figures du Mouvement Juif Libéral.

Passons sur le cas de l’instituteur auto agressé à Marseille Sylvain Tsion Saadoun (2015) contraignant toute une ville à porter la Kipa en signe de solidarité avec la fausse victime.

Laurent Fabius

Que dire de Laurent Fabius, petit télégraphiste des Israéliens dans les négociations internationales sur le nucléaire iranien, un acte de forfaiture, qui conduira les États-Unis à mener des négociations secrètes avec l’Iran à Mascate (Sultanat d’Oman). Un des grands pollueurs de la planète, équipementier d’Israël (Dimona), de l’Afrique du sud du temps de l’Apartheid, ainsi que de l’Iran impériale (consortium Eurodif), la France passe pour avoir été la grande perdante du rééquilibrage régional du fait de son comportement vis à vis de l’Iran et de la Syrie, qui conduira son partenaire américain à dégrader la France dans le conflit de Syrie, de chef de file du camp occidental en sa qualité d’ancienne puissance mandataire, au simple rang de «pays affinitaire».

Sur ce lien, Laurent Fabius, petit télégraphistes des Israéliens.

Georges Ibhraim Abdallah

Ne pas transposer le conflit israélo-arabe en France. Soit. Mais comment alors expliquer que Benyamin Netanyahou fasse pression sur Barack Obama et obtienne la libération de l’espion américain de confession juive Jonathan Polard et s’oppose à la libération par la France de Georges Ibrahim Abdallah, au delà de sa peine légale du militant libanais pro palestinien, alors que l’identité véritable du meurtrier des diplomates américains et israéliens vient d’être révélé ? Est ce parce que l’un est juif et l’autre arabe ?

Certes il y a eu l’ignoble supplice d’Ilan Halévy, torturé de manière sadique et tué par une bande criminogène animée par Youssouf Fofana, mais que dire de Said Bouarrach, vigile marocain tabassé à mot par une bande de quatre juifs et noyé dans le canal de l’Ourcq ? Que dire d’un autre soldat franco-israélien, -encore un-, Elor Azaria qui a assassiné un palestinien à terre, sinon la mise à nu de la banalité du mal sous l’occupation israélienne, la normalisation du projet colonial israélien ?

Que dire enfin sur les fric-frac et les micmac qui émaillent depuis des décennies la chronique judiciaire française de Samuel Flatto Sharon au scandale de la taxe carbone. Une escroquerie de l’ordre de plusieurs dizaines millions de dollars, surpassant la totalité du montant des dégâts résultant des infractions commises par la totalité des prisonniers arabes, africains, musulmans, chers à la comptabilité d’Eric Zemmour.

Passons aussi sur le cas d’Arno Klarsfeld déjà évoqué et attardons nous sur d’autres cas :

Meyer Habib

Ancien du mouvement radical Betar, impliqué en 1988 dans l’attaque par l’«Organisation juive de combat» de la fête de commémoration de Jeanne d’Arc le 8 mai 1988, faisant 8 blessés, dont deux fonctionnaires de police, ce représentant du Likoud en France a t-il droit de siéger au sein de la représentation nationale française, au titre de la 8eme circonscription des Français établis hors de France, sous l’étiquette de l’UDI ? Une étiquette centriste pour ce représentant d’un parti ultra droitier ?

Christian Estrosi

En voyage de noces en Israël, après la «dangereuse décision de l’ONU, qui attaque la seule démocratie de la région», selon ses propres termes, Christian Estrosi, président de la région PACA (Provence Alpes Cote d’Azur) a octroyé 50.000 euros d’argent public au Fonds national juif (KKL) en vue de reboiser une forêt en Israël. Une subvention qui constitue une prime à la colonisation en ce que cet organisme est impliqué dans la colonisation. Sur les deniers publics, donc du contribuable, pour satisfaire son philo sionisme militant, sans le moindre rappel à l’ordre ?

Nicolas Sarkozy, «Premier président de sang mêlé de France»

Le message était limpide quoique dans l’ordre subliminale : Pour un président d’un pays qui se refuse aux statistiques ethniques, présenter son identité politique sous son aspect ethnico identitaire a constitué une grave violation des fondements républicains du pays et accentué le clivage social du pays.

Nicolas Sarkozy le premier, en sa qualité de néo gaulliste a clôt la parenthèse gaulliste de la politique de la France à destination du Monde arabe :
En sollicitant l’expertise de la répression des manifestations périurbaines de France, en 2005, à Avi Dichter, le responsable de la sécurité israélienne pour les territoires palestiniens occupés. En assimilant ainsi les banlieues françaises à la Cisjordanie et à Gaza, le premier président de «sang mêlé» a transposé en France le conflit israélo-palestinien.

Il en a fait de même en empruntant à la terminologie israélienne pour désigner Gaza de «Hamastan». De même en évitant soigneusement de fleurir la tombe de Yasser Arafat lors de son voyage en Cisjordanie, faisant convoquer Mahmoud Abbas à Jéricho pour une rencontre contournant Ramallah, le siège de l’autorité palestinienne.

Enfin, en engageant la guerre contre la Libye et la Syrie, sous de prétextes fallacieux, notamment la «démocratie» qu’il a bafouée durant son quinquennat comme en témoignent la succession des scandales politico financiers qui ont émaillé son mandat.

François Hollande : Le tropisme philo-sioniste des socialistes

Si Nicolas Sarkozy a rompu avec la tradition diplomatique gaulliste, François Hollande, lui a renoué avec le tropisme philo sioniste des socialistes, considérant la Syrie et non la Palestine comme «les Sudètes du XXIe siècle».

François Hollande relève d’un cas bien plus grave. L’héritier du parti de l’expédition de Suez et des ratonnades d’Alger, n’a pas hésité, lui le socialiste, en marge de sa visite officielle en Israël, en novembre 2013, à prendre un repas familial (un dîner, agrémenté de chants et de danses), et à trinquer avec le chef de gouvernement le plus xénophobe d’Israël, l’ultra droitier Benyamin Netanyahou.

Pour aller plus loin sur François Hollande

Manuel Valls, le Brutus de François Hollande

François Hollande se situe au diapason de son ancien premier ministre, Manuel Valls, son propre Brutus, lié de son propre aveu, «de manière éternelle à la communauté juive et à Israël», – non pour ce fils d’émigrés à la France ?- dont, de surcroît, le premier déplacement ministériel en province, le 21 Mai 2012, aura été pour un dîner avec le CRIF PACA Marseille, où il a stigmatisé le boycott d’Israël, mais non la phagocytose de la Palestine ou sa rétention des recettes d’exportation des produits de Cisjordanie.

Ce faisant, il se plaçait ainsi sur la même longueur que Richard Prasquier, le président du CRIF, dont la tonitruance inconditionnellement pro-israélienne s’accommode mal du positionnement qui se veut «normal» du nouveau président français.
Sa profession de foi, -lors du lancement du groupe d’amitié avec Israël, le nouveau lobby français pro israélien en pleine campagne présidentielle en avril 2012, «Israël, grande nation parmi les nations»-, a retenti comme une tartarinade démagogique. En résonance avec son comportement abusivement dilatoire dans l’affaire Georges Ibrahim Abdallah.

Manuel Valls joue l’amnésique en se déclarant opposer à la transposition du conflit israélo-palestinien en France. Lui, qui y a tant contribué et son compère François Hollande, qui «n’est ni pour les Israéliens, ni pour les Palestiniens, mais pour la paix», a-t-il dit. La paix de l’occupant fondée sur la répression continuelle de l’occupé et l’annexion rampante de son pays et la phagocytose de son identité. À la manière d’un pharisien qui donnerait un temps égal de parole à Hitler et à ses victimes juives. La lâcheté même.

Pour aller plus loin sur Manuel Valls

Ne transposons pas le conflit israélo-palestinien en France quand bien même David Ben Gourion, le père de l’armée israélienne, dispose d’une splendide esplanade dans l’un des quartiers les plus huppés de Paris, qu’Itzhack Rabin dispose de deux majestueuses places à Paris, -la place Fontenoy, devant l’Unesco et les jardins de Bercy-, alors que son alter ego palestinien «Prix Nobel de la Paix», Yasser Arafat, ne dispose de rien, tout au plus d’une miette, pâté d’alouette, une minuscule place à la mémoire du poète Mahmoud Darwiche, sur les quais de la Seine, coincée entre des monuments historiques, en guise de solde de tout compte.

Laure Adler, l’équité des débats publics : une censure subliminale

Alors que la France brasse l’air régulièrement à propos de son engagement pro-palestinien, dont la plus récente manifestation aura été la Conférence Internationale de Paris de Janvier 2017, «le nouveau procès Dreyfus» selon le ministre israélien de la défense Avigdor Liberman, le pouvoir fançais pénalise les militants du mouvement BDS, alors que le service public de l’audiovisuel, qui émarge pourtant sur le budget public de l’État français, et donc le contribuable, se livre à une censure insidieuse de l’expression palestinienne au prétexte de «l’équilibre des débats».

Laure Adler a ainsi dérapé gravement sur France-Inter à propos du film de la cinéaste palestinienne Mai Masri «3.000 Nuits ». La productrice de l’émission «L’heure bleu» a fait connaître le 4 janvier 2017 son souhait de faire un contre-point au prétexte «d’équilibrer» le plateau et les points de vue.
Une préoccupation légitime, mais, curieusement, jamais observé quand il s’agit des nombreux partisans d’Israël, qui se succèdent aux les ondes. Finalement, Laure Adler a choisi de n’inviter qu’une cinéaste israélienne, dont le film sortait en même temps que le film palestinien, supprimant du coup l’invitée palestinienne initiale !

«Comment mieux accompagner à la radio le processus même d’éradication et d’invisibilisation du peuple palestinien ? Le «grand remplacement» dont il est beaucoup trop question, à tort, en France, est une réalité quotidienne en Palestine occupée depuis 1948 dans la quasi indifférence des États dits démocratiques,et de l’ONU.
Et cette épuration ethnique trouve hélas sa traduction à l’antenne de France-Inter par le remplacement d’une cinéaste palestinienne par une cinéaste israélienne», s’insurge l’Union Juive Française Pour la Paix» (UJFP).

William Goldnadel, avocat de l’Apartheid, en toute indécence, en toute impunité

Me William Goldnadel, l’avocat «sans frontières, ni limites dans le racisme», dénonçait pour sa part le 31 décembre 2016, dans son message de vœux du nouvel an, des colonies de peuplement, contre l’avis des autochtones». En Palestine ? En Cisjordanie, à Jérusalem-Est, sur le plateau du Golan annexé ? Sur les fermes de Cheba’a libanaises ? Non, évidemment !
L’avocat bien connu pour constituer son association comme partie civile dès qu’il s’agit de poursuivre toute critique d’Israël, automatiquement qualifiée d’antisémite et en particulier les partisans du boycott, ne s’est pas soudainement converti en défenseur du peuple palestinien.

Les «colonies de peuplement» que ce défenseur du colonialisme israélien dénonce c’est en Seine-Saint-Denis, le fameux 9-3, qu’il les voit, observe, là aussi, L’Union Juive Française pour la Paix, cible des attaques régulières des ultra sionistes. A l’en croire, ce département, le plus pauvre de France, serait le laboratoire du «grand remplacement» que son ami Renaud Camus et quelques autres, comme Eric Zemmour, Alain Finkielkraut et Nadine Morano ne cessent de cibler.

Mais le délire de Goldnadel ne s’arrête pas là, puisque dans le même tweet, il ajoute qu’ «un Juif est moins étranger en Judée». Précisons d’abord que ce que Goldnadel nomme, comme le gouvernement israélien et ses plus de 500 000 colons, «Judée» (et il oublie la «Samarie») s’appelle, en droit international, la Cisjordanie, occupée et colonisée depuis 1967 par l’État d’Israël en dépit de multiples résolutions de l’ONU toutes inappliquée à ce jour.

Il y aurait donc colonisation et colonisation, celle, imaginaire, qu’il dénonce, dans le 9-3 et celle, israélienne, menée en Palestine, qui du coup ne serait plus l’occupation d’une terre étrangère, mais le retour supposé au pays de ceux qui chassent le peuple autochtone palestinien. M. Goldnadel est donc un «apôtre de l’apartheid, de la séparation, de l’épuration ethnique» avec le consentement de la classe politico médiatique, conclut l’organisation dévouée à l’entente entre juifs et arabes, entre israéliens palestiniens et arabes.

Read on my lips : Il ne faut pas transposer le conflit israélo palestinien en France, quand bien même il est transposé par les plus hautes autorités de l’état, surtout parce qu’il est transposé par les plus hautes autorités de l’état… pour des raisons électoralistes.
Lisez bien : Ne transposez pas le conflit israélo-palestinien en France quand bien même un important lobby israélien opère depuis Bruxelles sur le théâtre de l’Union européenne, dans une flagrante ingérence de la vie politique interne des États membres, transformant l’ensemble européen en Far West aux manœuvres de déstabilisation israélienne ; Quand bien même un diplomate israélien en poste à Londres a travaillé au cœur du Parti travailliste pour mettre à mal le leadership de son chef James Corbyn.

Quand bien même ce même diplomate, Shai Masot, qui se décrit lui-même comme un officier des forces de défense israéliennes et travaille en tant que haut responsable politique à l’ambassade israélienne de Londres, a été enregistré par un journaliste de la chaîne qatarienne Al Jazira en train d’évoquer la façon dont il comptait «se débarrasser» de députés britanniques indésirables vis-à-vis des positions politiques israéliennes.

Ne transposez pas le conflit israélo-palestinien. Seuls les Israéliens et les Français y ont droit, pas les Arabes, des «sous hommes» selon l’expression fleurie d’un socialiste, encore un, Georges Frêche, ancien député maire de Montpellier.

Pour aller plus loin su ce thème :

Comment un diplomate israélien a travaillé au cœur du Parti travailliste pour mettre à mal Corbyn :

Le complexe de Vichy

En raison de la collaboration dont ont fait preuve les autorités françaises avec le régime nazi, durant la 2e guerre mondiale (1939-1945), et de leur contribution à la déportation des Juifs de France vers les camps de concentration, l’antisémitisme est un sujet sensible en France. Accusation infamante, elle condamne quiconque en est l’objet à une sorte d’ostracisme.

L’accusation d’«anti-sémitisme» est en quelque sorte l’arme de destruction massive absolue et équivaut à une condamnation absolue. Elle constitue l’arme de dissuasion par excellence pour neutraliser toute critique à l´égard de la politique israélienne. Mais à force de la brandir à chaque bout de champ, il est à craindre quelle ne perde de son efficacité.
De la même manière, à force de vouloir substituer l’islamophobie à la judéophobie pour se dédouaner de l’antisémitisme traditionnel récurrent à la société française, il est aussi à craindre que ne se perpétue une autre forme de racisme, également hideuse, également condamnable.

Pour aller plus loin sur ce sujet :

René Naba

Journaliste-écrivain, ancien responsable du Monde arabo musulman au service diplomatique de l'AFP, puis conseiller du directeur général de RMC Moyen-Orient, responsable de l'information, membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme et de l'Association d'amitié euro-arabe. Auteur de "L'Arabie saoudite, un royaume des ténèbres" (Golias), "Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l'imaginaire français" (Harmattan), "Hariri, de père en fils, hommes d'affaires, premiers ministres (Harmattan), "Les révolutions arabes et la malédiction de Camp David" (Bachari), "Média et Démocratie, la captation de l'imaginaire un enjeu du XXIme siècle (Golias). Depuis 2013, il est membre du groupe consultatif de l'Institut Scandinave des Droits de l'Homme (SIHR), dont le siège est à Genève et de l'Association d'amitié euro-arabe. Depuis 2014, il est consultant à l'Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme (IIPJDH) dont le siège est à Genève. Editorialiste Radio Galère 88.4 FM Marseille Emissions Harragas, tous les jeudis 16-16H30, émission briseuse de tabous. Depuis le 1er septembre 2014, il est Directeur du site Madaniya.

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