Mali : Révision constitutionnelle

Mali : Révision constitutionnelle 938 400 La Rédaction

Le report du référendum sur le projet de reforme constitutionnelle, un coup dur à la crédibilité internationale d’IBK, un coup dur pour l’accord de paix d’Alger.

Une campagne de 15 jours sur un sujet de grande gravité relève du Holp up politique et cache des desseins inavoués.

IBK aurait dû renoncer par avance à briguer un second mandat pour prouver sa sincérité dans sa démarche visant à la révision de la constitution.

Reformer pour reformer relève de la fuite en avant contre productive.

Ci joint le texte intégral de l’interview de René Naba au journal malien «Le Relais du Bougouni».

Le Relais du Bougouni : Le projet de révision de la constitution est il bien fondé ?

RN: Le report du référendum sur le projet de reforme constitutionnelle, un coup dur à la crédibilité internationale d’IBK, un coup dur pour l’accord de paix d’Alger.

Dans la forme, la révision pouvait s’expliquer. Après vingt cinq ans d’existence et les bouleversements majeurs que le Mali a connus, il peut paraître fondé d’adapter les institutions et dynamiser leur fonctionnement. À tout le moins chez les pays de tradition française. L’exemple vient d’en haut. La France a connu une royauté, 5 républiques, deux empires, un triumvirat, et autant de constitutions, dont la dernière la Constitution de la Ve République adoptée en 1958, a connu, elle, pas moins d’une vingtaine de révision constitutionnelle. Ce n’est pas pour autant que la France a connu la stabilité et le progrès.

Dans les pays de tradition anglo saxonne, pas besoin de codification pour respecter un code de bonne conduite. Le Royaume Uni vit depuis des siècles sous le régime de la Magna Carta, soit depuis plus de huit siècles. Et la constitution des États-Unis date, elle, de 1788.
La fuite en avant ne constitue pas une bonne politique, tout comme «la politique de l’autruche». Dans le cas du Mali, tolérer quinze jours de campagne pour modifier la loi fondamentale du pays relève du hold up politique.

Pourquoi tant de précipitations sur un sujet aussi grave ? Ibrahim Boubacar Keïta «IBK» cache-t-il des desseins inavoués ? S’il était sincère dans le redressement de son pays, il aurait dû d’avance qu’il renonce à briguer un deuxième mandat afin de donner crédit à sa révision, qu’elle ne serve de prétexte à renforcer ses pouvoirs

RB : Le Relais du Bougouni : Quelles seront les conséquences de cette révision sur le fonctionnement l’État malien ?

RN : Formellement la traduction juridique des accords d’Alger. C’est à dire une décentralisation du septentrion malien. Il ne sert à rien de pleurer sur le lait versé. Si le Mali a été déstabilisé avec une telle rapidité, au point de risquer une désintégration complète, la faute en incombe au premier chef aux dirigeants successifs du Mali post Modibo Keita, le putschiste Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré «ATT», qui coulent des jours tranquilles, en toute impunité, nullement concernés par l’effroyable gâchis qu’ils ont infligés à leur pays.

RB : La révision constitutionnelle est elle une solution à la crise malienne ?

RN : C’est un pis aller. L’éthique, la rigueur, l’exemplarité dans la gestion des affaires publiques vous dispensent de toutes les révisions. Le Mali sortira de la crise lorsqu’il aura purgé tous ses démons, qui l’ont conduit au bord de l’abîme.

RB : Les «messages codés» des Djihadistes du Sahel à la France et au Mali

RN : La prise d’otage de l’hôtel Radisson Blu à Bamako, le 20 Novembre 2015, qui a fait 23 morts, est intervenue trois semaines après que le président François Hollande ait décoré de la Légion d’Honneur son homologue malien. L’attaque du 18 juin 2017 contre un centre de loisir à la périphérie de Bamako, qui a fait cinq victimes, est intervenu le jour du 2e tour des élections législatives françaises qui ont vu le triomphe du parti du Président Emmanuel Macron.

Ces attaques ne relèvent pas du hasard fortuit. Ils constituent autant de «messages codés» et illustre la précarité de la situation à Bamako, de même que la persistance d’une opposition tenace à la politique tant française que malienne.

Huit mois après l’attentat contre le restaurant «La Terrasse» (le 8 mars 2015), qui a fait cinq morts, les coups de force spectaculaires contre des établissements maliens fréquentés par des étrangers, illustrent le caractère aléatoire de la sécurisation du Mali, le thème de propagande majeur de la diplomatie française pour justifier son intervention militaire, en même temps que le caractère factice de l’amitié affichée entre les deux dirigeants français et maliens.
La connexion d’un vice président de l’Internationale socialiste IBK avec le réseau post gaulliste de Charles Pasqua, le parrain du clan Corse – c’est à dire les adversaires politiques des socialistes, fait désordre. En la matière IBK, a fait preuve d’une voracité révulsive.

Ce qui peut paraître difficilement concevable pour le contribuable français, à bord de l’apoplexie financière, alors que le budget français fonctionne à flux tendu pour combler les surplus de dépenses générées par la lutte anti-terroriste, de supporter l’idée d’avoir financé l’opération Serval pour permettre au président malien élu à l’ombre des blindés français de se vautrer dans des magouilles avec un casinotier corse.

Simple. Basique. Un chef d’état doit être habité par sa fonction, se doter de la stature qu’exigent les menaces qui pèsent sur son pays. Se doter de la stature d’un homme d’état et non se cantonner à un rôle de joueur de bonneteau avec un casinotier.
Décidément la France n’a pas de chance dans le choix de ses partenaires : D’IBK à l’opposition syrienne off-shore… à ses alliés pétro monarchiques incubateurs de djihadisme, particulièrement, le Qatar, parrain d’Ansar Eddine, le déstabilisateur du Mali, qui ont fait de la France du fait de son laxisme moral, une passoire djihadiste.

Pourvu que le Jupiter de France n’ait pas cautionné la magouille d’IBK, cela serait de mauvais augure pour la suite de la mandature d’Emmanuel Macron, et surtout de l’intention qui lui est prêtée de mettre à plat la «Françafrique».

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